Avec ses 92 marchés de gros, l'Europe constitue l'essentiel des adhérents de l'Union mondiale des Marchés de Gros (UMMG). Ces derniers commercialisent au total chaque année 21 millions de tonnes de fruits et légumes, 1 million de tonnes de viandes et 1 million de tonnes de poissons. Dans les 39 pays membres de l'UMMG, la riposte s'organise face à ce qui fut le rouleau compresseur de la grande distribution, laminant prix et marges des producteurs, et la reconquête est amorcée. En Allemagne, les marchés de gros ont lancé une campagne nationale en faveur de la vente de légumes et de fruits frais chez les petits commerçants.
En Australie, en Espagne et au Portugal, les MIN mènent une collaboration très étroite avec les détaillants. "Les réponses à la concurrence de la grande distribution sont différentes selon les pays", a souligné au cours d'une conférence de presse José Augusto Ramos-Rocha, le président portugais de l'UMMG. En France, le MIN niçois, deuxième marché français après Rungis, assure ainsi, comme ailleurs en France, 50% de la distribution alimentaire de la cité, à parts égales chez les détaillants et les restaurateurs. L'autre moitié est réalisée par les grandes surfaces, dit Joseph Calza, responsable du MIN de Nice. Certes, les dirigeants de l'UMMG insistent sur la "complémentarité" à trouver entre les MIN et la grande distribution. Mais en arrière-plan, les abus des centrales d'achat sont montrés du doigt. "Avec les centrales d'achat, on arrive à des choses bizarres : un produit agricole peut parcourir 300 km pour arriver à un dépôt et ensuite refaire 300 km dans l'autre sens pour revenir à un point de vente proche du lieu de distribution", souligne M. Ramos-Rocha, qui fait l'éloge des modèles d'intégration grossistes-détail en vigueur à Barcelone ou en Italie.
Selon le président de l'UMMG, il ne fait pas de doute que les marchés de gros "constituent un instrument important de l'aménagement du territoire". Les grossistes insistent à la fois sur leur proximité du lieu de production comme sur leur parti pris en faveur de la qualité et de la diversité des produits, face à la normalisation en vigueur dans les rayons des supermarchés. "Le temps où les gestionnaires des marchés de gros étaient en charge d'un bien immobilier loué à des grossistes utilisateurs est terminé. Maintenant nous devons avoir une approche dynamique de notre travail et nous préoccuper à la fois de la distribution mais également des producteurs", souligne Bob Penter, chef opérationnel de la direction du marché de gros de Melbourne, en Australie, un pays qui compte 20.000 producteurs.