Cette commission devrait se pencher sur la réglementation en vigueur et son respect, déterminer la place de ces denrées dans l'alimentation et évaluer les risques pour la santé humaine et animale, a expliqué devant la presse le député Vert Yves Cochet. Ce procédé, qui ne rend pas les aliments radioactifs, utilise une source de rayonnement ionisant pour tuer certains micro-organismes responsables de contaminations, empêcher la germination pour certains légumes ou ralentir le mûrissement des fruits.
Deux directives (lois-cadre) européennes limitent son utilisation aux épices et herbes aromatiques séchées, mais plusieurs pays, dont la France, ont obtenu des dérogations pour élargir le champ d'application (pommes de terre, légumes secs, viandes et abats de volailles, cuisses de grenouille, crevettes...). "Pour que les produits aient l'apparence de la fraîcheur, on irradie", a souligné M. Cochet. "On permet le commerce d'aliments qui arrivent en France à un niveau sanitaire correct uniquement par subterfuge", a estimé Laurent Leguyader (Action consommation), soulignant que de nombreuses denrées soumises à ce procédé venaient de pays aux "conditions sanitaires beaucoup moins strictes".
Le consommateur n'est plus en mesure de distinguer une denrée fraîche d'une autre "sur-conservée" par irradiation. "L'irradiation détruit d'autre part une grande partie des bactéries dans les aliments, donc une grande partie de la vie", a expliqué Morgan Ody (Public citizen) : des aliments sont modifiés dans leur structure chimique et leur équilibre bactériologique. On constate une diminution de 40 à 80% de certaines vitamines.
Enfin, les associations déplorent l'absence totale d'information, du fait de contrôles insuffisants : absence fréquente d'étiquetage et méconnaissance de la part réelle des denrées irradiées commercialisées en France. Très utilisée aux Etats-Unis, l'irradiation, ou "ionisation", se développe dans les grands pays émergents comme le Brésil, l'Afrique du Sud, la Thaïlande ou les Philippines. "Il y a une crainte que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) nous oblige à élargir la liste des produits pouvant être irradiés", a déploré M. Cochet, qui souhaite qu'on en revienne au moins à la stricte réglementation européenne.