Ils ont aussi tous deux appelé à la poursuite du processus de ratification de la Constitution européenne, malgré les rejets français et néerlandais et le gel du référendum britannique. "Nous approuvons pleinement l'idée d'un compromis constructif", qui ne doit pas être "synonyme d'effort unilatétal demandé à la France et l'Allemagne", a déclaré M. Schröder, lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue d'un entretien informel suivi d'un déjeuner de travail à l'Elysée, auxquels participaient aussi les chefs de la diplomatie des deux pays.
C'est dans cet esprit que Jacques Chirac a appelé les Européens et en particulier les Britanniques à "faire un effort" pour parvenir à un accord sur les perspectives financières 2007-2013 qui doivent être discutées au sommet des 16 et 17 juin à Bruxelles.
Un accord "suppose que chacun fasse un effort, et en particulier nos amis britanniques doivent prendre conscience de l'évolution des choses, et de la nécessité d'une plus grande équité dans les charges que chacun supporte", a-t-il dit en faisant référence à la ristourne dont bénéficie Londres sur le budget depuis 1984.
M. Chirac a aussi fermé la porte à toute renégociation de l'accord sur la politique agricole commune (Pac), en affirmant qu'il "n'était pas disposé à transiger sur cet accord unanime" conclu en octobre 2002 et qui a sanctuarisé les aides aux agriculteurs jusqu'en 2013. La France est le premier bénéficiaire de la Pac.
Le chancelier allemand a défendu ce compromis qui a été rendu possible, a-t-il dit, grâce "à des concessions de la France". "Sans ce compromis, a-t-il dit, on n'aurait pas pu voir adhérer" les dix nouveaux pays membres en 2004. Le président français a, à plusieurs reprises, souligné la nécessité pour les Européens de "se rassembler et de réfléchir", au moment où l'Europe traverse une grave crise.
"Nous sommes tous les deux d'accord pour réaffirmer combien l'Union européenne, dans cette période difficile, a besoin avant tout de se rassembler et de réfléchir, de répondre à un certain nombre de questions, mais fondamentalement de se rassembler", a déclaré M. Chirac. Reconnaissant que l'Europe traverse "une période difficile" à la suite de ces deux rejets, M. Chirac a assuré que "ces difficultés, il faudra bien que l'Europe les surmonte. Elle les surmontera d'autant mieux qu'il y aura une forte volonté entre l'Allemagne et la France pour les surmonter".
Gerhard Schröder a souligné que c'est précisément aujourd'hui que la relation d'amitié franco-allemande doit "faire ses preuves" en Europe, après "l'heure sombre" qu'a constitué, il y a 61 ans exactement, le massacre d'Oradour-sur-Glane par les SS dans le sud de la France. "Il est plus important que jamais de maintenir le cap de l'unification et de l'élargissement", a-t-il dit en soulignant que "les coûts que représenterait un abandon seraient largement supérieurs" à ceux qu'implique la poursuite de l'élargissement.