"Toutes les parties doivent dépasser leurs égoïsmes nationaux", a déclaré le chancelier allemand, précisant que l'Allemagne voulait un "compromis équitable" sur la question du budget pour la période 2007-2013, lors d'un point de presse commun avant le dîner de travail à Berlin. "Je suis prêt à discuter de tout avec tout le monde mais cela doit être sur une base qui permette de fixer une direction à l'Europe et de lui donner une chance réaliste de réconcilier les gens avec les institutions", a affirmé de son côté Tony Blair.
Dans un communiqué publié à l'issue de l'entretien, le chancelier allemand a indiqué "avoir clairement fait savoir qu'un accord sur les prévisions financières au Conseil européen des 16 et 17 juin à Bruxelles serait un important signal pour le processus européen d'intégration". Il a aussi souligné que "le processus de ratification devait être poursuivi concernant la Constitution".
Le dirigeant britannique venait de jeter de l'huile sur le feu plus tôt dans la journée à Moscou en prévenant qu'il serait "diplomate, mais ferme" pour défendre le rabais britannique obtenu en 1984 par le premier ministre britannique de l'époque, Margaret Thatcher.
Face au président français Jacques Chirac qui réclame avec les autres dirigeants de l'Union une révision du rabais, Tony Blair a contre-attaqué en demandant des changements fondamentaux dans les dépenses agricoles de l'UE, dont la France est un grand bénéficiaire et sur lesquelles M. Chirac a exclu de "transiger". "Vous ne pouvez pas discuter de l'existence du rabais britannique à moins de discuter de l'ensemble du financement de l'Union européenne, y compris du fait que 40% va toujours à l'agriculture", avait souligné plus tôt Tony Blair à l'issue d'un entretien avec le président russe Vladimir Poutine. Lundi soir, Gerhard Schröder a d'entrée de jeu exclu une renégociation du compromis agricole de 2002, qui a été conclu "explicitement comme une partie des perspectives financières de l'UE de 2007 à 2013", acceptée à l'époque "à l'unanimité". "Nous nous sentons liés" à cet accord, a précisé le chancelier, apportant ainsi un soutien explicite à la position française.
L'Allemagne est cependant "prête" à faire un effort, avait précisé plus tôt son porte-parole Bela Anda. A en croire le journal dominical Welt am Sonntag, Berlin serait prêt à accroître sa contribution annuelle à l'UE de près d'un demi-milliard d'euros. Au sujet du processus de ratification de la Constitution, le gouvernement britannique, qui a gelé son référendum, plaide pour une "période de réflexion" sur l'avenir de ce traité. "Ce que nous avons à faire, c'est de faire en sorte que les gens en Europe comprennent le contexte politique dans lequel nous leur demandons de prendre ces décisions sur la Constitution", a souligné à Berlin M. Blair.
L'entretien a aussi porté sur le G8. L'Allemagne, a indiqué le chancelier, apportera ses "propres idées" en Ecosse en juillet pour lutter contre la spéculation sur les marchés pétroliers et assurer une plus grande transparence sur les marchés financiers. Les deux hommes ont évoqué les conditions devant accompagner les remises de dettes aux pays africains par le G8: bonne gouvernance, lutte contre les maladies tueuses, maintien de la paix notamment. Avant l'entretien avec le chancelier allemand, le Premier ministre britannique a rencontré Angela Merkel, dirigeante de l'opposition conservatrice et candidate à la chancellerie aux élections anticipées de septembre, donnée gagnante dans tous les sondages pour remplacer Gerhard Schröder. La prochaine étape de la tournée de M. Blair, dont le pays assurera la présidence semestrielle de l'UE au 1er juillet, est mardi Luxembourg, avant d'aller à Paris où il rencontrera le président Chirac.