Bruxelles attend de Paris une clarification

Cette notion de "préférence communautaire", très dévaluée même dans le secteur agricole où elle s'appliquait traditionnellement, a été relancée au soir du référendum du 29 mai par le chef du parti majoritaire UMP Nicolas Sarkozy et reprise à son compte par le nouveau Premier ministre Dominique de Villepin, qui l'a rebaptisé "européenne".

"Je leur poserais d'abord la question pratique de ce qu'ils veulent dire par là, des politiques publiques qui en découleraient", a indiqué mercredi à l'AFP un haut responsable de la politique commerciale communautaire. Pour ce responsable, "une approche qui suggère que nous pouvons construire une Europe forteresse contre le reste du monde, contre l'émergence de la concurrence de la Chine ou de l'Asie n'est tout simplement pas réaliste". C'est même "dangereux, car vous trompez les gens", ajoute-t-il.

Il se demande s'il s'agit, de la part des Français, "de la manifestation d'un manque de confiance en soi" face à un "monde qui change dans une direction hostile?". Cela reviendrait à dire que "incapables de lutter, nous nous cachons, dans l'espoir de reprendre une vie inchangée après le passage de la tempête", analyse ce responsable.

Ce que doit faire l'UE, c'est au contraire "se préparer pour affronter la tempête et en sortir renforcée", affirme-t-il. A l'égard de ceux qui sont fragilisés par ces changements, la politique européenne doit consister à gérer l'ajustement, à protéger les individus, pas à maintenir le statu quo. Une approche illustrée par l'accord avec la Chine sur les importations textiles, un répit temporaire qui ne doit pas épargner à l'industrie européenne la poursuite de ses efforts d'adaptation et de modernisation.

"Je ne vois pas pourquoi la Commission travaillerait pour faire un marché idéal alors qu'elle est là pour défendre les intérêts de l'UE", a réplique mardi à Bruxelles François Loos, le ministre français de l'Industrie. A cet égard, estime-t-il, "la préférence européenne a un sens aujourd'hui. Elle vaut pour l'agriculture, elle peut aussi valoir dans certains secteurs industriels". Pour M. Loos, "quand un secteur industriel est attaqué, il est normal que l'UE cherche une réponse à ces attaques. Cela n'a rien de protectionniste", a-t-il répondu à l'AFP. Ainsi, s'agissant du secteur textile-habillement, "c'est une forme de préférence de reconnaître qu'il y a une limitation aux importations", dit-il.

Très en pointe pour exiger la mise en oeuvre de mesures d'urgence contre les importations chinoises après la levée des derniers quotas le 1er janvier 2005, le gouvernement français a fait la fine bouche devant l'accord amiable conclu le 10 juin à Shanghai entre l'UE et la Chine, un accord jugé "insuffisant et trop tardif" par François Loos. Pour le ministre français, "il y a des situations où la compétition internationale est faussée et dans ce cas là, il faut que la Commission européenne réagisse. Il n'y a pas d'exception textile, c'est une vérité générale".

Mardi devant le Parlement européen, le commissaire au Commerce Peter Mandelson avait averti "l'accord de Shanghaï n'est pas un feu vert pour d'autres secteurs industriels affectés par la libéralisation des échanges pour venir à la Commission et demander des protections".

 Le Premier ministre britannique Tony Blair, qui prend le 1er juillet la présidence de l'UE, a estimé qu'elle devait se pencher par priorité "sur la réponse à apporter à la mondialisation et à la montée en puissance de pays tels que la Chine ou l'Inde". Certains, a-t-il dit, "pensent que nous devons essayer de nous protéger par la régulation, mais je ne pense pas que cela soit la bonne direction à suivre".

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