"Je crois qu'un accord aurait été possible. Le fait qu'il n'y en ait pas eu est uniquement dû à la position inflexible des Britanniques et des Néerlandais", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion.
"L'UE n'a rien gagné, du fait de l'attitude des Pays-Bas et surtout de la Grande Bretagne, et ceci est exprimé par moi avec beaucoup de retenue et de diplomatie", a-t-il dit. Ces pays "ont une responsabilité devant l'histoire européenne et devant les hommes en Europe, avant tout devant les jeunes", a-t-il dit. "Je me sens triste. Ce n'est pas un bon jour. C'est extrêmement regrettable", a accusé M. Schröder. "Un morceau de la substance de l'Europe comme union politique n'a pas pu être maintenu", a-t-il ajouté. "Une réussite aurait été un signal important pour la capacité d'action de l'Union, et (le président en exercice de l'Union) Jean-Claude Juncker, ce grand Européen, a tout essayé".
"L'Allemagne était prête à un compromis" représentant pour elle un effort financier supplémentaire "pour conserver à l'Europe sa capacité d'action et ainsi lui donner une perspective d'Union politique". "Un résultat aurait été atteint avec la bonne volonté de tous", a-t-il ajouté. "Avant tout, c'est la Grande-Bretagne qui n'a pas montré de disposition au compromis au sujet du rabais britannique, bien que la présidence était prête à aller jusqu'à 5,5 milliards d'euros" pour le gel de cette ristourne, a-t-il dit. "Ainsi, la Grande Bretagne s'est refusée à assurer une contribution au financement de l'élargissement", a-t-il dit.
Par contraste, M. Schröder a fait allusion comme M. Juncker, "au moment émouvant" survenu quand "tous les nouveaux membres ont dit à Blair et au (Premier ministre néerlandais Jan Peter) Balkenende qu'ils étaient prêts à faire des sacrifices si le problème était financier". "C'était légèrement honteux, car ce sont ceux qui étaient les moins riches qui offraient de se sacrifier. Les nouveaux membres croient à la solidarité. C'était une étincelle. Je suis persuadé que le feu va prendre", a-t-il lancé. Le chancelier social-démocrate a rendu hommage à son allié, le président Jacques Chirac, car "il a su bouger", en mettant des propositions sur la table sur la politique agricole commune (PAC) qui pourtant, a-t-il dit, avait été réglée par un accord conclu "à l'unanimité en 2002". "Je ne suis pas étonné, c'était mon attente. Elle n'a pas été déçue". M. Schröder a promis qu'il participerait "très intensivement au débat" qui va être la conséquence de l'échec du sommet, estimant que cette crise sérieuse "peut être résolue". "Ce qui s'est produit (lors du sommet européen), cela nous nuit à tous, et face à cela, il conviendra de tenir bon et de lutter contre le vent".
"Ce qui se passe en Chine, en Inde, en Amérique du Sud, exige une réponse politique de l'Europe, pas seulement économique", a-t-il dit. Le débat, a-t-il dit, est résumé par l'alternative suivante: "veut-on un marché doté de quelques instruments, ou veut-on une union politique avec tout ce que cela comporte? L'union politique est le lieu où existe une solidarité entre le faible et le fort".