M. Chirac s'est déclaré "impressionné" par l'attitude "émouvante" des dix pays nouveaux entrants qui ont tenté en vain de sauver un accord sur les perspectives financières et qui "ont donné là une belle leçon pour l'Europe de demain".
"L'Europe connaît une crise grave, nous étions en réalité très proches d'un accord", a-t-il dit lors d'une conférence de presse dans la nuit de vendredi à samedi, à l'issue de 14 heures de négociations qui n'ont pas permis de trouver un accord entre les 25 sur les perspectives financières 2007-2013. Le président français a "déploré" que le Royaume-Uni ait voulu "garder l'intégralité de son chèque", ce qui a conduit à l'échec du sommet, et il a critiqué "l'égoïsme affiché par deux ou trois pays" qu'il n'a pas nommés.
"Je déplore que le Royaume-Uni se soit refusé d'apporter cette part raisonnable et équitable aux dépenses de l'élargissement. Il a voulu garder l'intégralité de son chèque, quelques pays ont privilégié une attitude de surenchère, une attitude d'intérêt strictement national, c'est un mauvais résultat pour l'Europe", a déclaré M. Chirac. Londres a refusé une dernière proposition de geler à 5,5 milliards d'euros le rabais qui lui est accordé chaque année depuis 1984. M. Chirac a lancé une pique contre la Grande-Bretagne, qui prend le 1er juillet la présidence tournante de l'Union européenne. "Ce n'est pas parti de façon brillante", a-t-il lancé.
"Nous devons naturellement nous remettre au travail, la France agira dans ce sens". Revenant sur le baroud d'honneur mené in extremis vendredi soir par dix pays nouveaux entrants qui voulaient la conclusion d'un accord et se sont déclarés prêts à faire des sacrifices financiers, M. Chirac a trouvé que ce geste était "très impressionnant, face à l'égoïsme affiché par deux ou trois pays riches". "C'était émouvant également, ces pays faisaient preuve d'une volonté d'Europe, d'un espoir, d'une compréhension, ils ont donné là une belle leçon pour l'Europe de demain. Malheureusement cette leçon n'a pas été entendue, du moins pour le moment", a-t-il commenté. Le chef de l'Etat a également déploré que des Etats membres aient manqué d'"esprit européen" dans cette négociation alors qu'"une très grande majorité des pays étaient favorables à la dernière proposition de la présidence (luxembourgeoise) qui était raisonnable, à tous les égards". Interrogé sur les raisons pour lesquelles la France n'avait fait aucune concession sur la politique agricole commune (PAC),
M. Chirac a réitéré qu'il n'y avait aucun lien entre celle-ci et le chèque britannique. Et il a rendu un hommage appuyé à Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois qui achève sur cet échec sa présidence de l'UE. "M. Juncker s'est avéré être un grand Européen, malheureusement il n'a pas été couronné de succès". M. Chirac a souligné que la France l'avait appuyé tout au long du sommet.