L'agriculture, première consommatrice d'eau

L'agriculture absorbe en moyenne la moitié (49%) de la consommation nette d'eau en France, devant la production d'eau potable (25%), la production d'énergie (22%) et l'industrie (4%), selon les chiffres collectés par les Agences de l'eau en 2001.

L'irrigation est concentrée sur quatre mois l'été, à un moment où la ressource est au plus bas. L'été, la part consommée par l'irrigation dépasse 80% dans de nombreuses régions, selon le ministère de l'Ecologie. En apparence, la France ne manque pas d'eau : 34 milliards de m3 sont prélevés chaque année pour les activités humaines, à comparer aux 173 milliards de m3 d'eau qui alimentent en moyenne le pays, par le biais des précipitations. Mais ce bilan favorable cache de profondes disparités entre régions et dépend du climat : plusieurs mois de sécheresse persistante, comme celle que traverse la France depuis l'automne dernier, peuvent rendre la situation critique.

A ce jour, 28 départements ont pris des arrêtés de limitation de l'usage de l'eau, dont certains drastiques comme en Poitou-Charentes. Selon le ministère de l'Ecologie, la sécheresse est "pire que celle de 1976": le cumul de précipitations depuis septembre est inférieur à celui de 1976, et 2005 fait suite à deux hivers déjà déficitaires en pluie.

Face à cette situation tendue, les besoins ont considérablement augmenté depuis 1955 : le volume total d'eau prélevé par an est passé de 18,5 milliards de m3 à 34 milliards en 1990. Les surfaces irriguées ont explosé de 400.000 hectares en 1955 à 1,1 millions d'hectares en 1988 et 1,6 millions d'hectares en 2000. Cet essor est du pour partie aux sécheresses (1976, 1989 à 1991) et surtout à la politique agricole commune, qui a institué des aides directes aux cultures irriguées.

Selon le ministère de l'Ecologie, les agriculteurs ont diminué leurs surfaces en maïs de 8% sur l'ensemble du pays, et de 20% en Poitou-Charentes, sous l'effet conjugué de la baisse des cours et des alertes à la sécheresse. Un hectare de maïs consomme 2 à 3.000 m3 d'eau par an, et reçoit en moyenne 4 fois plus d'eau que le blé ou le tournesol à la période la plus critique (juillet-août), selon l'association écologiste France Nature Environnement.

"En Poitou-Charentes, 1.000 km de cours d'eau sont asséchés chaque année" du fait des pompages pour l'irrigation, selon l'association. "Les surfaces plantées ne tiennent aucun compte de la capacité du milieu à fournir l'eau", dénonce Bernard Rousseau, responsable du secteur "Eau" de FNE.

"Dans le Sud-ouest, en Poitou-Charentes, les nappes n'arrivent plus à se recharger d'une année sur l'autre", explique-t-il. L'irrigation, et l'intensification agricole qu'elle permet, ont entrainé depuis trente ans une pollution croissante des eaux par les pesticides et les nitrates. Des solutions existent : il faudrait privilégier les cultures qui consomment peu d'eau, comme le tournesol, réintroduire plus de variété dans les cultures, accepter des rendements inférieurs, revoir les dates des semis (les variétés plus précoces viennent à maturité plus tôt).

Tout cela demandera du temps. "Les agriculteurs ont beaucoup investi, c'est comme un paquebot lancé à tout allure", constate Bernard Rousseau, qui "n'attend pas d'amélioration de la qualité de l'eau avant très longtemps".

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