Nestlé-France, qui avait programmé la fermeture de l'usine au 30 juin 2005, a évoqué des "conditions de sécurité largement compromises" par l'occupation. Pour le géant de l'agro-alimentaire suisse, Me Yves Tallendier a parlé d'entrave à la liberté du travail, du commerce, de circulation et au droit de propriété pour évoquer des "troubles manifestement illicites" et demander au tribunal de prononcer l'évacuation sous astreinte de 1.500 euros par infraction constatée.
L'avocate des salariés, Me Elise Brand, a "revendiqué" au contraire une "atteinte au droit de propriété légitime" car "le propriétaire ne peut faire ce qu'il veut de l'outil industriel et du code du travail". Elle a demandé au juge d'ordonner à la direction de rétablir "les contrats qu'elle a rompus le 24 juin avec la Poste et l'entreprise de nettoyage et de traitement des déchets" et rétablir "le gaz et le système informatique", sous astreinte de 70.000 euros par jour.
Les syndicats, qui réclament une table ronde entre les "vrais dirigeants" de Nestlé, le gouvernement et les salariés, ont annoncé leur intention de relancer vendredi après-midi les lignes de production de chocolat et de café. Les salariés occupent l'usine à la suite d'une décision du tribunal de grande instance autorisant la poursuite de la procédure conduisant à la fermeture définitive du site, qui emploie 427 salariés (café soluble et tablettes de chocolat).
Le tribunal avait suspendu la procédure de consultation le 18 mars. Il a jugé le 22 juin qu'elle était conforme s'agissant des motivations économiques et a autorisé la direction à consulter les salariés sur son volet social. Les salariés, s'étonnant de décisions contradictoires, ont alors récusé le juge marseillais Alain Dragon, qui s'est insurgé, fait rare, contre "une atteinte d'une exceptionnelle gravité à l'exercice de (ses) fonctions juridictionnelles". "Chaque citoyen" devrait "réfléchir sur le péril que fait courir à la démocratie l'instauration de l'usage de jeter en pâture à l'opinion publique (...) un juge qui applique les lois de la République à un litige dont il ne s'est pas saisi et qu'il est tenu de trancher", dit-il dans un communiqué placardé sur la porte de sa salle d'audience.