Les pays riches suppliés de donner plus

Les appels au secours d'ONG, de l'ONU et du gouvernement nigérien sont trop peu entendus, déplorent les organisations comme Médecins sans frontières (MSF), qui parle de "milliers de morts évitables". Le cap des 10.000 admissions depuis le début de l'année d'enfants de moins de cinq ans en état de malnutrition sévère vient d'être franchi, a annoncé jeudi MSF à l'AFP à Paris.

Avant le sommet du G8 à Gleneagles en Ecosse, qui vient de débuter, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) avait exhorté les pays les plus riches à aider le Niger, deuxième pays le plus pauvre du monde, selon l'ONU. "Au moment où les membres du G8 parlent enfin sérieusement de sortir de la dette et de la pauvreté des pays de l'Afrique sub-saharienne, nous avons là le parfait exemple du changement qu'une action concrète des pays riches pourrait opérer", a déclaré un responsable du PAM, Jamie Wickens.

La France, principal donateur d'aide bilatérale au Niger - une ancienne colonie - a annoncé jeudi qu'elle donnerait 1,5 million d'euros supplémentaires à ce pays, portant à 3,4 millions d'euros le total de son assistance alimentaire depuis le début de l'année. Des Nigériens mangent des racines, des feuilles et de l'herbe ou creusent les termitières pour y trouver des grains de mil ou de fornio stockés par les insectes.

Des centaines fuient, au Nigeria notamment. L'ONU dénombre 800.000 enfants de moins de cinq ans souffrant de la faim. Des milliers sont en "danger de mort", s'alarme MSF.

L'Unicef parle de 150.000 enfants victimes de malnutrition sévère, susceptibles de succomber aux épidémies de paludisme et de diarrhée qui culminent entre juin et octobre. "C'est bien pire qu'un tsunami, mais il n'y a pas de touristes blancs pour attirer les télévisions", a déploré Bernard Kouchner, fondateur de MSF, qui tente de mobiliser l'industrie alimentaire et la grande distribution.

Pays du Sahel où les femmes ont en moyenne huit enfants, un record, le Niger est habitué aux pénuries et a connu deux famines en 1972-73 et 1984-85. La crise actuelle résulte de la sécheresse et de l'invasion de criquets de 2004, la plus importante qu'ait connue l'Afrique de l'ouest depuis 15 ans. Les insectes ont dévasté cultures et pâturages, menaçant la survie du bétail.

Bilan au Niger : 223.448 tonnes de céréales manquent pour la campagne 2004, un record depuis la famine de 1985. Le pays a épuisé ses réserves censées suffire jusqu'aux récoltes d'octobre. Le 28 mai, le Premier ministre Hama Amadou a lancé un "appel angoissé" à la communauté internationale. L'aide commence à s'intensifier. Mais sur les 16,2 millions de dollars de dons réclamés mi-mai par l'ONU pour enrayer la "catastrophe silencieuse" qui s'esquisse, seul un quart a été réuni.

L'Union européenne, la Chine le Japon, l'Allemagne ont aussi débloqué des fonds. Le monde arabe se mobilise. La Libye et l'Algérie, voisines du Niger, ont envoyé des avions remplis de vivres, comme les Emirats arabes unis. Lundi, le Maroc a débloqué une aide d'urgence. L'Arabie Saoudite participe aussi à l'aide. Avec ces contributions, le gouvernement nigérien vient de commencer des distributions gratuites de nourriture pour 1,6 million d'enfants et de femmes. Niamey s'y est longtemps refusé, craignant de casser les mécanismes locaux qui assurent durablement la sécurité alimentaire. Il a d'abord organisé des ventes de céréales à prix "modérés", mais beaucoup n'ont plus les moyens d'acheter. 63% des Nigériens vivent avec moins d'un dollar par jour.

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