Première épreuve du feu pour la réforme du régime sucrier de l'UE

La remise en cause d'un système figé depuis des décennies a été imposée par la condamnation de l'UE à l'Organisation mondiale du commerce, sur plainte de pays émergents (Brésil, Thaïlande) et de l'Australie. Mais en proposant notamment une baisse de 39% d'ici fin 2007 du prix garanti aux producteurs européens, actuellement trois fois plus élevé que le cours mondial, la réforme touchera aussi les secteurs sucriers des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), qui bénéficient d'un accès privilégié à un marché européen fortement rémunérateur.

Outre le jugement de l'OMC, la réforme servira aussi préparer l'échéance de 2008, où le marché européen sera en principe ouvert, sans tarifs ni quotas, au sucre des pays les plus pauvres (PMA) dans le cadre de l'initiative "Tout sauf les armes". Il n'est pas question que les ministres des 25 donnent d'emblée lundi leur accord au projet de la Commission. "Il y a une minorité de blocage de huit Etats membres", indique une source diplomatique proche du dossier. "Mais 8 pays sur 25, c'est plutôt un bon départ pour une proposition ambitieuse", commente cette source.

La Commission dit espérer obtenir le feu vert du conseil des ministres en novembre. Les opposants (Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Italie, Irlande, Lituanie et Portugal) craignent en fait la disparition pure et simple de la production betteravière sur leur territoire, au profit des pays plus compétitifs, France et Allemagne en particulier. La réforme prévoit aussi une forte diminution des quotas de production.

Tout en offrant de compenser aux producteurs 60% de la perte de revenu entraînée par la baisse du prix garanti, la Commission ne cache pas qu'elle attend la sortie du secteur des producteurs européens les moins performants. "Nous sommes bien placés pour aider les producteurs et les fermiers qui voudraient quitter le secteur de manière ordonnée et socialement acceptable", déclarait fin juin devant les organisation professionnelles la commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel.

Sur le plan interne, elle justifie la réforme par la nécessité d'appliquer au secteur du sucre les principes des grandes réformes de la PAC des années 2003 et 2004. "Nous avons besoin d'une réforme qui assure une plus grande cohérence entre le secteur sucrier et le reste de la PAC", a-t-elle dit. Mais selon certains experts, la réforme sucrière, en mettant l'accent sur la survie des plus performants des producteurs européens, pourrait bien préfigurer une future refondation de la politique agricole de l'UE.

"Peut-on extrapoler? Oui, pour les grandes cultures", céréales ou oléagineux, explique une source diplomatique. Les productions de viande et le lait, avec leur dimension familiale et environnementale, posent un problème autrement complexe. Pour les ACP, la proposition de Mme Fischer Boel, plus agressive encore sur la baisse des prix que son prédécesseur Franz Fischler, va "trop vite, trop loin et trop tôt".

Accusant la Commission de préparer une "tragédie humaine" dans des pays pauvres où le secteur sucrier pèse lourd, le ministre mauricien Arvin Boolell, porte-parole des ACP, a demandé une baisse progressive du prix garanti à partir de 2008 seulement, et étalée sur 8 ans. Les ACP estiment aussi que l'aide promise par l'UE (40 millions d'euros pour 2006, première année de la réforme, et des montants non fixés par la suite) est une maigre pitance par rapport à ce que percevront les producteurs européens.

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