Danone, du verre à l'agroalimentaire, la saga des Riboud

C'est en 1966 qu'Antoine Riboud, un ancien étudiant peu brillant d'une école de commerce, fusionne l'entreprise familiale lyonnaise Souchon-Neuvesel, qui appartenait à son oncle, avec Boussois pour fonder le groupe verrier BSN. Anticipant la mondialisation, il veut bâtir un champion français du secteur et se lance fin 1968 à l'assaut de la vénérable Compagnie de Saint-Gobain.

Cette OPA (offre publique d'achat) inamicale, une première en France, crée un grand émoi dans le monde feutré du patronat français. L'offensive échoue. "Ce fut la chance de ma vie", racontait avec le sourire Antoine Riboud. Il sut passer du contenant au contenu en pressentant que l'essor des emballages jetables nuirait à l'industrie verrière.

L'agroalimantaire connaîtra en revanche une belle expansion pendant une trentaine d'années. Ce patron classé à gauche - il fut actionnaire du quotidien "Libération" - se lance alors dans une boulimie d'achats qui verra BSN, devenu Danone en 1994, posséder à un moment donné plus de 300 marques. Tour à tour tombent dans son escarcelle les eaux d'Evian, les bières Kronenbourg et Kanterbrau et les aliments pour bébé Blédina et Jacquemaire. Mais le coup de génie est la fusion, en 1973, avec Gervais-Danone, qui va lui permettre de devenir le premier groupe agroalimentaire français et le numéro un mondial des produits laitiers frais.

En 1989, le groupe prend la place de numéro un européeen du biscuit grâce à l'acquisition des filiales européennes de l'Américain Nabisco. Face au ralentissement de la consommation en Europe, le groupe met le cap sur les Etats-Unis, l'Europe de l'Est, l'Amérique du Sud et l'Asie, ce qui permet à Danone de ne plus réaliser actuellement que 22% de ses ventes dans son pays d'origine.

Pionnier du marketing, Antoine Riboud, ami du violoncelliste Rostropovitch qu'il fera jouer devant le mur de Berlin lors de sa chute en 1989, ne recule devant rien pour promouvoir ses produits. Il brandit un bonbon Carambar à la télévision lors de l'émission "l'Heure de Vérité", se fait photographier sur la Muraille de Chine en faisant goûter un yaourt à une petite Chinoise avant que "L'Empire du Milieu" s'ouvre à la consommation de produits occidentaux. Mais c'est un de ses fils Franck, intronisé PDG en 1996, six ans avant la mort de son père, qui va conduire le recentrage du groupe sur les produits laitiers frais, les eaux et les biscuits.

Pour pouvoir continuer à grandir face à Nestlé, Unilever, Kraft ou Coca-Cola alors que le groupe ne compte plus d'actionnaire de référence et que la famille Riboud ne possède qu'une très infirme part du capital. Cet ami intime de Zinedine Zidane, dont il fait un fait un ambassadeur du groupe, n'hésite pas à céder le champagne Lanson, les pâtes Panzani, la moutarde Amora, les soupes Liebig, les conserves William Saurin et même le mythique Carambar pour préserver l'indépendance du groupe.

Confronté à une douloureuse restructuration dans les biscuits Lu puis à un marché difficile des eaux en Amérique du Nord, Frank Riboud doit désormais prouver qu'il est capable de résister à des prédateurs étrangers pour que reste valable sa formule: "la nationalité de Danone est Danone".

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