Le document, scellé mardi dans la vallée de Napa, l'une des principales région de production de vin des Etats-Unis au nord de San Francisco, vise à empêcher l'utilisation abusive d'appellations prestigieuses. Cette "Déclaration des appellations de la vallée de Napa", réunissant sept responsables de l'industrie viticole européenne et des Etats américains de Californie, de l'Oregon et de Washington, se fixe pour ambition d'apprendre aux vignerons à respecter les appellations et, par exemple, à ne pas baptiser "champagne" un blanc mousseux américain.
"Le respect des appellations est une affaire d'honnêteté plus que d'autre chose", a déclaré à l'AFP Bruno Paillard, représentant de la région vinicole française de Champagne, à l'est de Paris. "L'appellation ne veut pas seulement dire terroir, sol, climat (...) c'est plus que géographique", a-t-il ajouté. "Cela a à voir avec la tradition, l'expertise, l'émotion et la culture", a expliqué ce vigneron : "lorsque vous ouvrez une bouteille de vin, vous goûtez la culture".
La déclaration de 17 lignes souligne que "nous sommes unis dans la foi selon laquelle les noms d'appellations géographiques des régions viticoles sont le droit exclusif des raisins qui poussent sur place". Le texte exprime aussi la résolution des représentants de ces régions de vin à faire en sorte que le public exige que les étiquettes indiquent honnêtement où les raisins ont poussé et ne tentent pas de suggérer qu'ils viennent de vignes plus prestigieuses.
"Cela n'a rien à voir avec une tentative de changer la loi ici aux Etats-Unis", a encore dit M. Paillard, dirigeant du Comité interprofessionel du vin de Champagne. "Nous pensons que l'industrie du vin américaine est suffisament adulte pour ne pas utiliser des noms qui trompent" le consommateur, a-t-il ajouté. "Je ne vois pas pourquoi les Etats-Unis ne pourraient pas créer leur propre appellation pour le vin pétillant", a poursuivi M. Paillard, notant que le "champagne" est fréquemment utilisé comme un terme générique aux Etats-Unis, quelle que soit l'origine du vin. "L'Amérique est l'endroit où nous avons, en tant que champagne, ce problème, et nous sommes sûrs que cela va se terminer un jour", a-t-il espéré.
Les acteurs de l'industrie du vin européenne soulignent que leur homologue américaine est en train de mûrir et que ses responsables commencent à voir qu'il est nécessaire de protéger les appellations célèbres. "Je pense qu'il existe ici la notion d'un respect mutuel", a déclaré pour sa part Bosco Torremocha, qui a signé la déclaration pour la région viticole de Xérès en Espagne. "Nous, en tant que membres de l'industrie viticole, nous respectons le résultat des cultures de chacune des autres régions".
Selon M. Torremocha, sa région a particulièrement souffert de la concurrence des produits nommés Xérès, Jerez ou Sherry. Seulement une bouteille sur 25 de ces vins vendus dans le monde provient effectivement du sud-ouest de l'Espagne. "Je pense que les grandes régions produisent des vins formidables", a dit de son côté Jorge Monteiro, président de l'Institut des vins du Douro et de Porto, qui a signé la déclaration au nom des producteurs portugais. "Ce n'est pas parce que vous pouvez produire quelque chose qui ressemble au produit d'une autre région qu'il aura la même qualité", a-t-il encore dit. La nouvelle alliance travaille actuellement aux détails et au financement de la campagne d'information du public sur l'importance des appellations.