La campagne de distillation boudée dans le Bordelais

Quelque 185.600 hectolitres devraient être distillés, soit un peu plus du tiers des volumes que la Commission européenne a accepté de financer, alors que l'objectif était de 500.000 hl, selon l'Office national interprofessionnel des vins (Onivins). "Compte tenu de la crise, on est bien trop loin de l'enveloppe qui avait été fixée", regrette Jean-François Bertran de Balanda, délégué régional de l'Onivins.

Pour Jacques Bertrand, président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, les chiffres sont pourtant "moins mauvais que ce que l'on avait craint à un certain moment". Cette première campagne de distillation en Gironde, qui s'est clôturée le 31 juillet, s'inscrivait dans le cadre du "plan Bordeaux", conçu pour faire face à la crise viticole et à la surproduction.

Elle est financée par des aides européennes abondées par le Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). "Ces chiffres ne m'étonnent pas du tout car les Bordelais n'ont pas, historiquement, vocation à distiller et ils ont beaucoup de mal à mettre (le vin) à la chaudière", a commenté Didier Cousiney, un porte-parole du Collectif des viticulteurs, qui réunit environ 400 petits producteurs. "C'est extrêmement traumatisant pour les viticulteurs d'abandonner le fruit de leur travail", convient M. Bertrand, qui est aussi vice-président du CIVB. "Il aurait fallu que la distillation ne se fasse pas sur la base du volontariat mais soit obligatoire au prorata des surstocks dans la cinquantaine d'appelations du Bordelais", estime M. Cousiney.

Les viticulteurs redoutent aujourd'hui que cette faible réponse à la distillation se retourne contre eux. "On va se faire taper sur les doigts", appréhende M. Cousiney. Le ministre de l'Agriculture avait en effet averti les responsables de la filière que des "conséquences sérieuses qui résulteraient d'une souscription inférieure à notre demande".

Certains professionnels pensent que cela se traduira par une limitation des rendements de la récolte qui sont fixés par les syndicats d'appellations et par l'INAO (Institut national des appellations d'origine). Lors des vendanges 2004, les taux de rendements pour les appellations de Bordeaux en vins rouges, se situaient majoritairement entre 50 et 57 hectolitres par hectare. "On parle aujourd'hui d'un rendement de 45 hl/ha, c'est très peu, les gens ne vont pas tenir longtemps", prévient M. Cousiney.

De son côté, le président de la fédération des Grands vins de Bordeaux assure qu'il n'acceptera pas "que l'on tape sur les doigts des viticulteurs parce qu'il manque 70.000 hectolitres de distillation". La réduction des stocks est d'autant plus cruciale que la récolte 2005 s'annonce volumineuse avec 55,950 millions d'hectolitres de vin, selon l'Onivins qui a révisé jeudi ses estimations à la hausse.

"On se dirige vers une récolte 2005, espérons, de grande qualité, donc il ne faut pas empêcher les viticulteurs de tirer les fruits de leur récolte. Il ne faut pas mélanger les deux dossiers, distillation et rendement", a martelé M. Bertrand. La campagne de distillation doit être suivie par une campagne d'arrachage visant à réduire d'ici juin 2006 le vignoble bordelais de 8.000 à 10.000 ha de vigne, soit environ 8% de sa surface totale.

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