"Je m'engage à ce que l'Etat ne bénéficie pas de +recettes d'opportunité+ (...) S'il s'avère que les recettes sont supérieures à celles inscrites dans le budget, elles seront rétrocédées aux Français les plus directement exposés", a déclaré le Premier ministre à l'issue d'une réunion "d'évaluation" de la situation du marché pétrolier. Une telle redistribution concernerait, a-t-il précisé, les professionnels les plus touchés (routiers, agriculteurs, pêcheurs, taxis...) ainsi que les salariés proches du Smic.
Ces derniers "pourront alors bénéficier d'une augmentation de la prime pour l'emploi", a-t-il annoncé. L'an dernier déjà, le gouvernement Raffarin, face à une polémique sur le prix des carburants, avait dû faire un geste, de 70 euros, consenti aux titulaires du minimum vieillesse. Promettant "vérité" et "transparence" et soucieux d'éviter les "polémiques", le chef du gouvernement a demandé au ministre de l'Economie Thierry Breton de réunir à l'automne une "commission indépendante", associant les deux assemblées et chargée d'évaluer "le montant des éventuelles recettes supplémentaires de TVA et de TIPP".
Ces deux principales taxes représentent 70% du prix d'un litre de carburant. Les recettes de TIPP et de TVA sur l'essence ont été évaluées à 31 milliards d'euros en 2005 dans le budget. Alors que le PS accuse le gouvernement de bénéficier d'une cagnotte grâce à la flambée du prix du baril (qui a atteint 67 dollars), M. de Villepin a affirmé que les chiffres avancés par l'opposition "n'ont aujourd'hui aucun fondement". "Il est tout à fait prématuré de faire une quelconque estimation", a-t-il dit.
Il s'est également opposé au rétablissement, réclamé par le PS, de la TIPP flottante, mécanisme mis en place par le gouvernement Jospin pour lisser la taxation de l'essence en cas de flambée des cours et supprimé par Jean-Pierre Raffarin. "Cette option ne procurerait qu'un avantage imperceptible à chaque automobiliste. A supposer que l'Etat mobilise 400 millions d'euros, chaque consommateur français ne bénéficierait que d'une baisse d'un centime d'euro par litre", a mis en avant M. de Villepin.
S'agissant des catégories professionnelles les plus touchées, il a demandé de définir "un véritable plan d'adaptation à la nouvelle donne pétrolière de chacun des secteurs", qui seront reçus par les ministres concernés. "Je réunirai en septembre tous les ministres en charge de ces dossiers pour faire le point des actions à engager", a-t-il ajouté. Parallèlement, le Premier ministre, soulignant que la crise pétrolière était "appelée à durer", a prôné une politique de relance du nucléaire et de développement des énergies renouvelables.
Conscient également que la flambée du pétrole risque de venir compliquer la donne du gouvernement à l'automne, en pleine élaboration du budget 2006, M. de Villepin a indiqué préparer "pour la rentrée les conditions d'une relance de la croissance". Le PCF a ironisé "sur le plan d'inaction de Villepin", "sans aucune mesure concrète" pour répondre à la hausse du pétrole, tandis que pour François Hollande, "les annonces du Premier ministre ne sont pas à la hauteur des circonstances". A l'inverse, Hervé Mariton (UMP) a jugé que la réponse du Premier ministre, en refusant "de distribuer de manière démagogique des sommes aujourd'hui incertaines", était "appropriée".