La grogne a débuté lorsque le conseil d'administration de l'Amicale des beaujolais villages, le syndicat qui gère cette appellation représentant 25% de la production totale du Beaujolais, a décidé du recul du rendement autorisé de 57 hectolitres/ha à 52 hl/ha. Le Beaujolais, qui regroupe 2.500 exploitations réparties sur 22.800 hectares, compte douze appellations: le beaujolais, le beaujolais villages et dix crus (Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côtes-de-Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin à Vent, Régnié et Saint-Amour).
"Nous sommes des gens qui revendiquons notre métier, qui entendons continuer à faire notre travail de façon traditionnelle tout en améliorant la qualité de notre vin", a déclaré à l'AFP le président de l'association ("Beaujolais tous ensemble") à la tête du mouvement, Thierry Canard, viticulteur à Saint-Etienne-des-Oullières (Rhône). "Nous avons fait beaucoup de sacrifices et investi énormément, et certains d'entre nous se retrouvent à vivre avec le SMIC", a-t-il ajouté.
Nombre de viticulteurs, ayant choisi de privilégier la qualité pour contrer l'effondrement des cours et l'accumulation des stocks, ont en effet misé sur l'achat de matériel de pointe. "Nous avions tiré la sonnette d'alarme en octobre 2004 sur la situation exceptionnelle de crise vécue par le Beaujolais en demandant aux douze syndicats de prendre les bonnes décisions", a affirmé à l'AFP le président de l'Union viticole du Beaujolais (UVB), Ghislain de Longevialle.
Chacun des syndicats décide annuellement du niveau de rendement autorisé sur sa zone. "A titre d'exemple, celui du beaujolais a décidé pour 2005 de passer de 58 à 53 hl/ha", précise le président de l'UVB. Plusieurs réunions de conciliation ont déjà eu lieu "mais personne ne nous écoute, nous qui sommes la base", explique M. Canard, qui revendique mille signatures de soutien, toutes de viticulteurs, sur les quelque 3.600 que compte le Beaujolais. "Aussi, nous appelons à un rassemblement le 23 août devant l'UVB", siège de toutes les organisations viticoles.
Comme solution alternative, l'association propose l'arrachage de pieds de vigne, recommandé par l'UVB et l'Union européenne. "Nous sommes d'accord pour inciter à arracher les vignes, même si c'est toujours un crève-coeur de demander cela à un vigneron, répond M. de Longevialle. Mais cela ne pourra se faire que l'an prochain car pour 2005, les dossiers devaient être déposés en décembre 2004".
En juillet 2004, les Assises de la profession avaient approuvé plusieurs mesures pour lutter contre la crise frappant le Beaujolais: réorganisation des procédures d'octroi du label AOC (appellation d'origine contrôlée), meilleur contrôle des rendements, création de zones mixtes (vin de pays, de table et AOC), nouvelle délimitation des zones d'AOC et introduction de la notion de "premier cru". Véritable révolution, le beaujolais, connu pour son cépage unique de gamay noir à jus blanc, doit également introduire d'autres cépages pour diversifier les saveurs du vin.
