Décriée ou courtisée, la référence reste

En 1.200 pages, Robert Parker passe en revue quelque 640 châteaux et 3.000 vins, commentant chaque millésime sur plusieurs décennies, voire jusqu'en 1863 pour Latour, célèbre premier cru classé de Pauillac. Dans sa 4e édition -la précédente date de 1999- l'ancien avocat reconverti dans la critique de vin à la fin des années 70, donne des notes de 50 à 100, plaçant les très bons vins dans la fourchette 8O-89 et les crus excellents voire exceptionnels entre 90 et 100.

"En terme de dégustation, c'est une référence mondiale", reconnaît le président de l'Union des grands crus de Bordeaux, Patrick Maroteaux, en charge de la promotion de près de 130 grands crus classés. "C'est certainement le critique à la plus large audience, car il est lu de l'Asie au Pacifique". Lancé pour la première fois en France il y a 15 ans, le "Guide Parker des vin de Bordeaux" est devenu "un véritable livre de chevet pour tous les amateurs et professionnels", juge Alain Vauthier, propriétaire d'Ausone, un premier grand cru classé de Saint-Emilion.

Dans sa dernière édition, Parker porte aux nues des valeurs sûres -comme Ausone-, qui décroche un 100 pour le millésime 2000 et un 98-100 pour 2003, mais une nouvelle fois n'hésite pas à bouleverser les classements historiques, comme un troisième cru classé de Margaux noté 91-94, au niveau du "vin de garage" (micro-cuvée) Marojallia. Des notes loin d'être anodines car elles conditionnent les marchés, en particulier pendant les primeurs, quand le vin encore en barriques est vendu plusieurs mois avant la mise en bouteille. "C'est ce type de vente qui a favorisé le +phénomène Parker+ car les primeurs se dégustent sur place et pendant pas longtemps", relève le négociant et critique bordelais Jean-Christophe Estève, soulignant qu'"une bonne note entraînait une demande énorme aux Etats-Unis". "Le Japonais ou le Russe va acheter une note.

Pour Parker le commentaire est plus important que la note, mais personne ne s'attache au commentaire. Il a amené une simplification au monde du vin", analyse Thierry Gardinier, président de l'Alliance des crus bourgeois du Médoc. "En 2000, une propriété qui avait obtenu une note de plus de 95 a vendu sa production de dizaines de milliers de bouteilles en 20 minutes et à un prix double de l'année précédente", se souvient Nicolas Guichard, président de l'Association des oenologues de Bordeaux. Dans l'euphorie de la deuxième moitié des années 90, l'influence de Robert Parker fut telle à Bordeaux qu'on parla de "diktat", de "parkerisation". "Il est évident que certains ont cherché à séduire son palais quand on a compris ce qu'il aimait: des vins issus de raisins très mûrs, très colorés, avec un goût boisé", ajoute M. Guichard, reprochant à certains producteurs de s'être "servis du système pour faire de l'argent".

Mais selon l'oenologue, "le phénomène Parker s'essouffle car la situation économique n'est plus la même. Aujourd'hui, le marché n'est plus aussi favorable pour l'achat de grands vins, notamment avec la parité euro-dollar". S'essouffle aussi la mode des vins de garage, ces micro-cuvées popularisées par Parker, et devenues pour certaines invendables à cause du prix. Pour François Lévèque, président des courtiers de Bordeaux, "le phénomène Parker aura encore de l'influence mais surtout sur les grands millésimes". Et globalement, résume M. Guichard, "il aura aidé le commerce extérieur français".

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