Coup d'envoi des vendanges en Champagne, abondantes et prometteuses

"C'est une bonne année, et puis, en quantité, il y a ce qu'il faut!", assure Michel Oudard, vigneron dans ce petit village situé au sud de Sézanne, qui a embauché huit saisonniers pour cueillir, à la main, les grappes de chardonnay, traditionnellement plus précoces que le pinot noir ou le pinot meunier. Des grappes qui sont, il est vrai, particulièrement volumineuses, à la surprise des spécialistes du milieu, obligés de revoir leurs prévisions de rendement agronomique à la hausse, de 13.900 kilos de raisin à l'hectare fin juillet à 16.200 kilos début septembre. "On ne prévoyait pas des grappes aussi belles, mais elles ont grossi à cause de la chaleur et de la pluie", confie Dominique Moncomble, directeur des services techniques du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC). D'où une vendange que beaucoup imaginent rapide : "Pas plus de 8 à 10 jours par secteur", affirme Bernard Beaulieu, secrétaire général de la CGT Champagne, qui explique : "Chaque vendangeur cueille entre 3.000 et 3.500 grappes par jour, donc avec des grappes plus grosses on atteindra plus vite les quantités autorisées".

L'Institut national des appellations d'origine (Inao) a fixé le rendement maximum autorisé à 13.000 kilos de raisins à l'hectare, assorti de 1.500 kilos placés en réserve qualitative, soit l'assurance de produire au moins 310 millions de bouteilles de "vin fou". Grise mine, en revanche, chez certains vignerons de la Côte des Bars, dans l'Aube, qui ont subi des attaques de mildiou, redoutable maladie qui apparaît avec l'humidité, et ne pourront sans doute récolter qu'un peu plus de 10.000 kilos à l'hectare.

Sur le reste du vignoble, qui s'étend sur 30.500 hectares, l'état sanitaire est excellent, assure le CIVC. L'année 2005 a en effet réservé un beau scénario à la Champagne : un hiver frais et sec, une canicule précoce en juin, favorisant la floraison des vignes, des précipitations en été mais rien de dramatique et enfin, le retour de la grosse chaleur début septembre, idéale pour le raisin. Même si, comme le dit Ghislain de Montgolfier, président de l'Association viticole champenoise, "tant que le raisin ne sera pas pressé, on ne sera pas décontracté", certains se risquent déjà à comparer 2005 au mythique millésime 1990, encore bien présent dans les mémoires. "On a un degré qui est bon et qui va devenir excellent dans les prochains jours, grâce à la chaleur, et une acidité bien plus élevée que les autres années", se félicite Bernard Beaulieu. C'est cette dernière qui garantit une meilleure conservation au vin, gage de qualité pour les bouteilles millésimées (en Champagne, on ne millésime que les meilleures années), appelées à vieillir jusqu'à 10 ans avant d'être mises sur le marché.

Une telle qualité pourrait encore faire grimper le prix du raisin le plus cher du monde : en 2004, il se négociait autour de 5 euros le kilo, cette année, il pourrait approcher les 6 euros. Pendant que les sécateurs bruissent, les gendarmes, eux, veillent au grain : comme chaque année, ils prévoient des descentes "surprise" dans les vignes pour s'assurer, notamment, qu'il n'y a pas de travail au noir parmi les 120.000 travailleurs saisonniers.

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