"Depuis le début de l'année, le marché de la tomate se présente nettement mieux en Europe en raison d'une diminution de la production espagnole au printemps, à la suite des coups de froid qui ont frappé le sud de la péninsule ibérique. Les exportations espagnoles ont donc été moins importantes et le prix de la tomate s'est raffermi", explique Richard Nouhaud, directeur général de Saveol, un des plus importants groupes coopératifs de tomates en France.
"2004 avait été une année noire pour la tomate, l'arrivée sur le marché de nouveaux acteurs comme la Turquie (production 14 fois supérieure à la française), la Hongrie ou la Pologne ayant concurrencé la production nationale", poursuit M. Nouhaud. "De plus la révision à la hausse --sur 3 ans 45.000 tonnes supplémentaires-- des exportations marocaines en Europe a également perturbé le marché ces deux dernières années", confie Pierre Diot, président de la section nationale de la tomate.
Ce week-end, au château de la Bourdaisière en Touraine, le prince-jardinier Louis-Albert de Broglie rendra hommage à la tomate, dont quelque 650 variétés seront exposées. Tombé à 20 centimes d'euro au plus fort de la crise en août 2004, le kilo de tomates se traite actuellement sur les marchés de gros entre 60 et 80 centimes d'euro, selon les variétés. Aujourd'hui près de 10.000 variétés seraient cultivées à travers le monde selon les experts de ce fruit, ce qui en fait le "légume" le plus consommé au monde, frais, en conserve ou en sauce sur les pâtes et autres pizzas.
Le marché mondial de la production de la tomate fraîche aurait dépassé l'an dernier les 160 millions de tonnes (20 principaux pays producteurs), selon les chiffres de la FAO, la Chine venant en tête avec une production de 30 millions de tonnes, suivie par les Etats-Unis (12,4 millions), la Turquie (8 millions), l'Inde (7,6 millions), l'Egypte (6,7) millions. L'Italie occupe la première place en Europe avec 7,5 millions de tonnes récoltées l'an dernier, devant l'Espagne (4,4 millions de T). A 800.000 tonnes l'an dernier selon Eurostat, la récolte française a couvert la consommation des Français (800.000 tonnes), soit 14 kilos par habitant. Fruit consommé "quand il fait chaud" (+5,6% en juillet par rapport à juillet 2004), il figure en bonne place dans les jardins des Français. "Cette production est évaluée entre 100.000 et 150.000 tonnes par an, exerçant une concurrence non négligeable aux produits des maraîchers", indique M. Diot. Le marché de la tomate présente deux volets, le frais et celui de la transformation, ce dernier ayant porté en 2004 sur 30 millions de tonnes, rappelle Yanik Mezzadri, PDG de Tomatoland, centre d'information pour la filière de la tomate transformée (producteurs, industriels du légume et de l'emballage). Fondée en 2000 et unique dans le monde, la société française Tomatoland est également une place de courtage en ligne pour les produits transformés de la tomate avec pour clients des géants de l'agroalimentaire (Amora, Campbell ou Heinz, le premier producteur mondial de ketchup qui absorbe un quart de la production mondiale de tomates). "L'an dernier, nous avons effectué des transactions portant sur 50.000 tonnes de tomates transformées (soit 350.000 tonnes de fraîches)", indique M. Mezzadri.