Une peine d'un mois de prison ferme a été requise par le parquet à l'encontre des douze hommes et trois femmes, âgés de 22 à 61 ans, domiciliés dans le Gard, l'Aveyron et en Auvergne notamment, poursuivis pour la "destruction en réunion" d'une parcelle de maïs transgénique à Nonette (Puy-de-Dôme), le 27 août. "Le plus grave dans votre action, c'est qu'elle soit pesée, délibérée, collective, organisée et médiatisée, qu'elle s'inscrive dans une véritable stratégie visant à détruire systématiquement un type de culture autorisé par la loi", a souligné le procureur, Michel Valet. Le procès devait s'achever tard vendredi soir et le jugement devait être mis en délibéré.
A Nonette, les "faucheurs volontaires" avaient partiellement détruit l'un des essais menés par le laboratoire Meristem Therapeutics sur la lipase gastrique, destinée à soulager les troubles digestifs liés à la mucoviscidose. Quatre des six essais menés dans le Puy-de-Dôme par Meristem, ancienne filiale du semencier auvergnat Limagrain, qui détient encore 18% de son capital, ont été détruits depuis la mi-juillet. "Aujourd'hui il n'existe pas de production de lipase gastrique en milieu confiné", a affirmé le directeur scientifique de l'entreprise Daniel Burtin. "Rigueur et qualité ne sont pas des vains mots à Meristem", a-t-il ajouté, en détaillant les mesures prises pour empêcher toute contamination: "Nous utilisons des plantes mâles stériles, pour éviter une dispersion du pollen, et les champs sont entourés de huit rangs de maïs non OGM, pièges à pollen".
A terme, Meristem envisage de cultiver 500 à 1.000 hectares de maïs OGM. "Des alternatives existent et permettent de s'affranchir des risques potentiels", a estimé de son côté Christian Vélot, maître de conférence en génétique moléculaire à l'université de Paris-Sud, citant "la production de protéines d'intérêt pharmaceutique par des cellules de plantes en milieu confiné". "Si le but de Meristem est vraiment de soulager les enfants atteints de mucoviscidose, ils doivent le faire dans des conditions qui ne font pas courir de risques au reste de la population", a-t-il ajouté.
Gilles Séralini, professeur de biologie moléculaire à Caen, a détaillé ces risques. "L'étanchéité totale en plein champ n'existe pas", a-t-il dit, évoquant les risques de transfert de gènes, de mélanges lors du stockage, du transport ou de la manutention des OGM. "Tout est une question de rentabilité: c'est moins cher d'aller en plein champ que dans des laboratoires", a-t-il estimé. "Meristem n'est qu'un cache-sexe pour Limagrain qui essaie de faire progresser sa technologie pour progresser dans la guerre des brevets et vendre son maïs", a renchéri à la barre José Bové, l'un des animateurs du collectif des Faucheurs volontaires, cité par la défense. La semaine prochaine, neuf dirigeants politiques et syndicaux comparaîtront devant la cour d'appel de Toulouse pour une destruction à Menville (Haute-Garonne).