La sécheresse, une malédiction pour les cèpes et girolles français

"Si la situation n'est pour l'instant pas désespérée en France, il faut que les cèpes sortent de terre au plus vite, dans les 10 à 15 jours sinon la saison sera catastrophique pour le secteur", explique Guy Belin, PDG de la Forestière du champignon, coopérative du massif des Vosges. "Le début de saison a été creux en raison de la sécheresse de l'été et, manque de chance, une petite vague de froid sévit dans notre région depuis quelques jours tandis que la pluie n'est toujours pas au rendez-vous. Des conditions défavorables qui poussent les prix à la hausse", poursuit M. Belin en citant un prix de gros de 15 à 20 euros le kilo pour les girolles.

La situation n'est guère plus brillante dans le reste de la France en raison du déficit pluviométrique. "Il n'y a quasiment rien à ramasser dans les principaux massifs forestiers, le Massif Central, les Landes, le Périgord, la Sologne et le Morvan, dit Michel Courvoisier, consultant et directeur du syndicat des champignons sylvestres. Quant à la truffe, elle va être hors-de-prix cette année: les mois de juin, au moment où naissent les truffettes, et d'août, au cours duquel elles atteignent leur taille d'adulte, ayant été particulièrement secs, déplorent les trufficulteurs du sud de la France. Le kilo pourrait largement dépasser les 1.000 euros.

En 2004, la Forestière du Champignon, fournisseur en "frais" des marchés au détail et professionnels, avait commercialisé 200 tonnes de champignons, "soit une assez bonne année, à comparer aux 50 tonnes collectées lors d'une saison catastrophique", poursuit M. Belin. Si la France a été confrontée à une sécheresse qui risque de faire de 2005 une année calamiteuse pour la filière, comme ce fut le cas en 2003, l'Europe centrale a été bien arrosée cet été. "Les cèpes et girolles proposés ces derniers jours sur les marchés proviennent du Monténégro, de Roumanie, de Russie et de Lituanie", précise M. Courvoisier. Car depuis la chute du Mur de Berlin, les pays de l'Est, à la main-d'oeuvre bon marché, sont les principaux fournisseurs de champignons: la cueillette du cèpe est le passe-temps favori des tchèques qui en ramassent un kilo par tête d'habitant.

"Depuis une dizaine d'années, 99% des girolles vendues sur les marchés européens ou transformées industriellement viennent de Russie", affirme M. Belin. L'accident de Tchernobyl avait discrédité le champignon sauvage mais aujourd'hui la confiance est revenue. "Le champignon venant des pays de l'Est subit trois analyses avant d'être commercialisé. La première intervient lors de son embarquement dans un camion en partance vers l'ouest, la seconde à la frontière d'un pays de l'Europe des Quinze et la troisième lors de son dédouanement en France par exemple", explique Dominique Usaï, président de Mondiacèpes.

Plus généralement, les acteurs sont quasi-unanimes: les champignons se raréfient dans les forêts françaises et, en cinq ans, les récoltes ont diminué de 80%. "La France risque dans les 10 ans à venir d'être confrontée à la même situation qu'en Italie, un pays autrefois fertile en cèpes et aujourd'hui stérile", selon M. Usaï. "Les Italiens consomment 90% de la production mondiale de cèpes tandis que les Allemands raffolent des girolles", précise M. Usaï qui se présente comme le numéro un français du cèpe frais et transformé (séché, conservé).

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