On le sait, l’année 2004 est loin d’avoir été florissante pour les vins français à l’export et les ventes au Danemark n’y ont pas fait exception. Sur ce marché qui constitue pour les vins de l’Hexagone le 9e en volume et le 10e en valeur, les exportations en 2004 ont chuté en volume de 26%, à 415 000 hl, et de 18% en valeur, à 121 millions d’euros, selon la Mission économique française de Copenhague. Certes, la France reste toujours le premier fournisseur étranger de vins au Danemark, mais sa part de marché est en nette baisse depuis le début des années 90 : alors qu’elle était de 61,8% en volume en 1992, elle est tombée à 27,7% en 2003 et à 24,1% l’année dernière.
En cause là comme ailleurs, la progression des vins du Nouveau Monde, notamment d’Afrique du Sud, d’Australie et surtout du Chili (16,8 % de part de marché en volume en 2004). Au total, le Nouveau Monde occupe 36,4% du marché en volume. "Actuellement, la grande distribution privilégie nettement les vins du Nouveau Monde. La part française y serait en volume de 20,5%, à égalité avec le Chili", indique Ulla Taarnhøj, de la Mission économique de Copenhague, qui souligne le bon rapport qualité/prix des vins chiliens. Tandis que les "écarts de qualité et de prix au sein d’une même AOC, la qualité moyenne de certaines AOC vendues à prix discount et la complexité des appellations françaises" peuvent expliquer la baisse des ventes des vins français, touchés également par l’essor des vins italiens ou espagnols.
Un autre facteur peut aussi pénaliser les crus hexagonaux, selon la Mission économique au Danemark : le poids du vrac sur ce marché (38% des volumes). Un positionnement milieu ou haut de gamme peut pourtant être payant. Les exportateurs de vins de Bourgogne en sont en tout cas convaincus : les ventes de crus bourguignons ont progressé au Danemark en 2004 de 4% en volume (2,1 millions de bouteilles) et de 3,5% en valeur. De jolis résultats dans le contexte de baisse des vins français sur le marché danois. "La Bourgogne est la seule région viticole française à avoir augmenté ses ventes", se félicite le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne. "Toutes les catégories de nos vins ont connu un bond. Cela tient notamment à nos opérations promotionnelles, précise Frédéric Dupray, responsable marketing au BIVB. Les opérateurs ont de bons contacts avec les distributeurs locaux". Derrière Bordeaux (43%), la Bourgogne a été en 2004 le deuxième exportateur d’AOC vers le Danemark avec 13% de part de marché en valeur. Elle y expédie 60% de blancs contre 40% de rouges environ.
Au Danemark, où le PIB par habitant est le plus élevé de l’Union européenne après le Luxembourg, 78% des ménages consomment du vin. La consommation de vins dépasserait les 35 litres par an et par habitant. " Il existe au Danemark un marché de connaisseurs, explique Ulla Taarnhøj. Et on peut espérer un certain développement de la niche qualitative chez une élite." Une bonne perspective pour les vins français, d’autant qu’ils bénéficient toujours d’une image prestigieuse et qu’après "un apprentissage avec les vins faciles du Nouveau Monde, une fraction de la clientèle devrait rechercher des vins plus complexes, plus élégants, tels que l’offre notamment la France", selon Ulla Taarnhøj. Les Danois restent les seconds consommateurs étrangers de vins français après les Belges et apprécient à 71% les vins rouges, de préférence puissants avec des tanins ronds. La France ne manque donc pas d’atouts pour maintenir sa position de premier exportateur de vins au Danemark et même regagner des parts de marché.