Un "emploi-jeune" de 22 ans était mort asphyxié dans une cuve de la coopérative Covipro, de Peyssies (Haute-Garonne), le 5 décembre 2000. Le procureur François Thévenot a demandé au tribunal d'assortir d'amendes les peines des trois ex-dirigeants de Covipro et d'ordonner la publication de la condamnation dans la presse régionale, eu égard au "silence", selon lui, sur cette affaire depuis le drame.
Le sénateur Roujas, 62 ans, ainsi que Jean-Louis Doumeng, 54 ans, sont poursuivis en qualité de président et vice-président de la Covipro pour homicide involontaire, pour des infractions aux règles d'hygiène, de sécurité et de formation des salariés. Les poursuites concernent également un prêt de main-d'oeuvre à but lucratif entre l'association "Plaisir des Volques", qu'ils dirigeaient aussi, et la Covipro. Le troisième prévenu, Francis Cabal, 51 ans, était directeur de la cave. Benjamin Roques, un "emploi-jeune" de 22 ans embauché par l'association travaillant à la coopérative, avait été asphyxié par du gaz carbonique au fond d'une cuve haute de 3 mètres, dans laquelle il était descendu sans la moindre protection pour effectuer un nettoyage.
"Cet accident était inévitable (...), l'hygiène et la sécurité, c'est pour les autres. On a toujours fait comme ça, c'est vieux comme le monde, c'est pitoyable", a souligné le procureur Thévenot après avoir pointé une longue accumulation de négligences et un précédent accident avec l'intoxication de deux employés en 1988. "Un emploi-jeune n'est pas un emploi marchand", a-t-il ajouté, rappelant qu'il était "punissable" de prêter dans un but lucratif à la coopérative une main d'oeuvre subventionnée. De leur côté, les trois prévenus ont notamment expliqué que l'association avait été créée pour développer et promouvoir la viticulture -en difficulté- dans la région du Volvestre dans la mesure où l'activité de cave ne représentait que 5% du chiffre d'affaires de la coopérative multiservices Covipro. Ils ont également souligné que la victime avait elle-même décidé d'aller dans la cuve. "Le 5 décembre, je l'affirme, Benjamin Roques n'avait pas besoin de descendre dans la cuve. Il n'y avait pas de lie", a déclaré le sénateur Roujas. Le jugement sera rendu le 6 décembre.