Des milliers d'amateurs au secours des pommes, poires et coings en péril

"Aujourd'hui, trois pommes sont offertes au public, une verte, une rouge et une jaune", déplore Maïté Dodin, présidente d'une section régionale des "Croqueurs de Pommes", association née il y a près de trente ans pour sauver les variétés anciennes en perdition, et qui regroupe aujourd'hui 6.000 adhérents très actifs dans toute la France. 2.000 variétés de pommiers et autant de poiriers ont été recensées par cette association. Elle les fait connaître auprès d'un public de plus en plus large par des expositions de fruits anciens, des démonstrations de taille et de greffe pour aider à les réimplanter dans les vergers privés ou les "conservatoires" créés par des collectivités locales.

"Le patrimoine est là mais il faut le faire durer. Il faut savoir que la menace de disparition est la même pour l'ensemble des fruitiers. Qui se soucie aujourd'hui de la disparition des cognassiers. Pour les pêches aussi, les anciennes variétés ont disparu, et les jaunes et les blanches actuelles n'offrent pas beaucoup de différence de goût", explique Mme Dodin. Le mouvement des "Croqueurs de pommes" n'est pas isolé. "Actuellement il y a une volonté de créer un mouvement associatif européen de défense et de sauvegarde de ce patrimoine. Une exposition européenne de fruits vient d'avoir lieu à Munich", indique Mme Dodin. Les pays concernés sont la Belgique, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et également l'Italie et l'Espagne où des associations existent et s'organisent.

La disparition s'est faite progressivement au siècle dernier sous l'effet des deux guerres mondiales, des bombardements intensifs, de l'adoption de variétés américaines en 1949-50, du conditionnement et du calibrage conduisant à la mise au rebut des fruits traditionnels. Tout le monde connaît la Melrose, la Golden et la Granny, qui ont envahi l'Europe, mais presque personne ne saurait distinguer la pomme Transparente de Croncels, la Calleville blanc remontant à Louis XIV, la poire Duchesse d'Angoulême ou la Bergamote d'Esperen, fruits d'apparat des tables bourgeoises du XIXe siècle.

Bernard Nicolaï, un producteur indépendant de la Somme (est), accuse la grande distribution : "Actuellement les variétés rustiques ne peuvent être vendues que par les marchands primeurs, qui choisissent les pommes en les goûtant, alors que les grandes surfaces vendent du visuel et pas du goût". Alexandre Gauthier, jeune chef créatif de la même région, recherche les pommes hors calibre pour réaliser ses plats d'automne, le pigeon bleu sur lit d'énormes boskoops (20 cm) ou entouré de minuscules pommes pirouettes (5 sur 8 cm). "Elles sont croquantes, acidulées, elles ont du jus mais on ne les trouve que chez des producteurs qui ne peuvent les vendre faute du bon calibrage".

Internet regorge d'informations, signe de l'intérêt suscité par la pomme, premier fruit consommé en France, pays qui en produit en moyenne 2 millions de tonnes par an. Plusieurs sites ("chercheur de pommes", "pommes choisel", "les pommes de nos vergers") se consacrent uniquement à l'identification des centaines de variétés existantes pour "retrouver l'âme d'un fruit perdu".

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