Les ministres Mark Vaile (Australie), Celso Amorim (Brésil), Rob Portman (Etats-Unis), Kamal Nath (Inde) et le commissaire européen Peter Mandelson doivent se retrouver à l'ambassade des Etats-Unis auprès de l'OMC dans l'après-midi. "On ne sait pas combien de temps va durer la réunion. Cela pourrait durer toute la nuit", a averti un diplomate. Une réunion élargie à quelques pays (Chine, Japon, Canada...) est prévue jeudi après-midi. M. Mandelson est parvenu à préserver ses marges de manoeuvre mardi à Luxembourg lors d'un Conseil des ministres européen qui n'a pas suivi la demande française d'une mise sous surveillance du négociateur. Le rendez-vous de Genève devait toutefois être précédé mercredi matin d'une réunion d'experts techniques de pays européens. Le "club des cinq" concentre entre ses participants bon nombre des conflits commerciaux dans le domaine agricole. Un compromis passé entre elles aurait des chances de pouvoir être étendu à l'ensemble des 148 pays membres de l'OMC, qui tentent depuis quatre ans de faire progresser le cycle de négociations lancé à Doha, la capitale du Qatar. Les pays membres doivent boucler les deux-tiers de la négociation lors de leur conférence ministérielle qui débute le 13 décembre à Hong Kong.
La précédente conférence, à Cancun (Mexique) en septembre 2003, a viré à l'affrontement Nord-Sud, les pays pauvres demandant aux riches de réduire leurs subventions agricoles comme préalable à toute négociation. Deux ans plus tard, les participants sont enfin entrés dans le vif du sujet la semaine dernière en mettant des chiffres sur la table lors d'une rencontre entre une quinzaine de ministres à Zurich. Le représentant américain pour le Commerce, Rob Portman, a repris l'initiative en offrant de réduire de 60% les subventions directes aux paysans américains. Mais il a demandé en échange aux autres pays développés, à commencer par l'UE et le Japon, d'ouvrir davantage leurs marchés aux importations agricoles. Mardi à Strasbourg, le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a appelé l'Union européenne à faire preuve de "flexibilité" dans ce dossier, estimant que les Américains avaient "franchi un cap" en acceptant la semaine dernière "des disciplines nouvelles" en matière de soutiens à l'agriculture. Les Européens attendent cependant des pays en développement qu'ils s'engagent à ouvrir davantage leurs marchés aux services et aux produits manufacturés en échange des concessions de Bruxelles en matière agricole. "Il est essentiel de faire des progrès dans tous les domaines", a estimé le porte-parole de la Commission européenne à Genève, Fabian Delcros. "On ne peut pas progresser en saucissonnant les négociations".
Pendant ce temps, à Genève, les militants altermondialistes fourbissaient leurs armes à l'approche de la conférence de Hong Kong. Plusieurs centaines d'entre eux ont manifesté samedi devant le siège de l'institution multilatérale, accusant les pays riches de vouloir forcer encore davantage l'ouverture des marchés des pays pauvres. "Nous allons tout faire pour qu'il n'y ait pas d'accord possible à Hong Kong et qu'après Seattle (en 1999) et Cancun, Hong Kong soit un nouvel échec pour ceux qui veulent ouvrir les marchés", a promis mardi le syndicaliste paysan José Bové.