La Commission européenne se préparait mercredi à élargir à d'autres régions russes l'interdiction des importations d'oiseaux et de plumes, déjà en vigueur pour la Sibérie orientale où a été identifié dès juillet le H5N1, transmis à l'Homme dans une centaine de cas, dont une soixantaine mortels, en Asie. "La grippe aviaire est à 300 km de Moscou", "Infection sans frontières", "La grippe aviaire gagne l'Europe et s'approche de Moscou", "Le meilleur médicament contre la grippe aviaire disparaît des pharmacies", s'inquiétait la presse.
Et les chaînes de télévision russes ouvraient mercredi leurs bulletins d'information sur la découverte du virus dans un village de la région de Toula. Elles montraient des oiseaux morts ou des militaires mettant des cadenas sur les portes de poulaillers dans le village d'Iandovka, où 3.000 volailles ont été abattues après la découverte du virus dans sept fermes privées au bord d'un lac où s'étaient posés des canards sauvages de passage.
"La grippe aviaire a atteint la partie européenne de la Russie, confirmant notre pronostic d'une prochaine globalisation de l'épizootie", a indiqué à l'AFP le chef-adjoint du département du contrôle vétérinaire du ministère de l'Agriculture, Nikolaï Vlassov. Il a précisé que des analyses avaient confirmé la présence de la souche H5N1 du virus, la même qu'en Sibérie, dans la région de Toula. L'approche du virus inquiète particulièrement les responsables à Moscou, la capitale russe étant entourée de nombreux élevages industriels. "Les grands élevages de volailles travaillent aujourd'hui sous la stricte surveillance des autorités soucieuses du respect des normes sanitaires, afin de ne pas permettre la propagation du virus", selon M. Vlassov.
Pour le ministre de l'Agriculture Alexeï Gordeev, cependant, "dramatiser la situation serait insensé". Et des scientifiques russes ont affirmé mercredi qu'ils allaient créer bientôt un vaccin contre la grippe aviaire, tant pour les oiseaux que pour les humains. "Le vaccin pour la volaille est sur le point d'être créé", a affirmé le vice-directeur du Centre russe de virologie et de la biotechnologie Vektor, le professeur Sergueï Netiossov, lors d'une conférence de presse à Moscou évoquant, outre les recherches de son établissement, les travaux de l'Institut de la grippe à Saint-Pétersbourg.
La semaine dernière les services vétérinaires russes avaient annoncé l'abattage de 460.000 volailles dans un élevage de la région de Kourgan, en Sibérie, où le virus a touché au total six régions. L'épizootie avait été également signalée chez des canards sauvages en Kalmoukie, au bord de la mer Caspienne, mais "le diagnostic restait encore à confirmer", selon M. Vlassov. Il s'agirait là, à la mi-août, de la première pénétration du virus dans la partie européenne de la Russie, séparée de la Sibérie par la chaîne de l'Oural. Mais l'épidémiologiste en chef de Russie Guennadi Onichtchenko assurait mardi que "les volailles qu'on achète actuellement sur les marchés ne présentent aucun danger parce qu'elles proviennent des régions qui ne sont pas touchées par le virus".
Les scientifiques craignent que la forme H5N1 du virus puisse muter et se transformer en une forme facilement transmissible entre êtres humains. L'épizootie n'a jusque là touché l'homme que rarement: 117 cas ont été recensés, dont 60 mortels, depuis fin 2003, en Asie.