"En se préparant de façon adéquate et en passant à l'action, l'Europe peut éviter la situation que nous voyons en Asie", a déclaré Gudjon Magnusson, le directeur du bureau européen de Copenhague de l'OMS, lors d'une conférence de presse précédant l'ouverture d'une réunion de trois jours entre l'OMS et la Commission européenne (CE). "Il est important de ne pas relâcher les efforts en Europe en ce moment mais le coeur de la guerre contre la grippe aviaire se trouve en Asie et l'Europe a d'excellentes chances de contenir le virus", a ajouté M. Magnusson. "Bien qu'il y ait des pays affectés dans notre région, sur les 118 humains touchés (par le virus), tous étaient en Asie du Sud-Est, aucun en Europe", a-t-il souligné.
Sur ces 118 personnes, une soixantaine sont mortes des suites de la maladie et la plupart avaient été directement en contact avec des volatiles contaminés. Le docteur Magnusson préside jusqu'à mercredi la réunion OMS-CE. Une première réunion de ce type avait eu lieu en mars à Luxembourg. "Cette réunion n'est pas une réunion d'urgence, elle s'inscrit dans une phase de préparation qui se poursuit, et a pour but de s'assurer que tous les pays européens disposent des outils et de la meilleure préparation possible pour prévenir une pandémie", a indiqué M. Magnusson.
L'Europe des 25, la Norvège et plusieurs pays candidats à l'Union européenne ont mis en place des plans de prévention. "Nous avons le devoir de ne pas être alarmistes mais notre travail de préparation, qui a commencé il y a deux ans, doit continuer (...). Nous avons aujourd'hui une plus grande conscience du problème", a indiqué le Docteur Fernand Sauer, directeur de la santé et de l'évaluation des risques de la CE.
Responsable de la région du Pacifique occidental de l'OMS, en première ligne pour la grippe aviaire, le Docteur Shigeru Omi, a établi des comparaisons favorables à l'Europe. "En Asie, le partage de l'information et la réponse quand la maladie s'est déclarée, n'ont pas été assez rapides, en Europe il devrait être possible d'intervenir plus rapidement avant que le virus ne s'incruste dans une grande partie de la région", a-t-il dit. Selon le docteur Omi, "la souche du H5N1 est imprévisible et changeante". "Son arrivée en Europe montre qu'elle est difficile à contrôler et donc l'Europe a raison de se sentir concernée et dispose d'une occasion en or de tirer des enseignements de la situation en Asie", a-t-il ajouté.
Une note un peu moins optimiste est venue du Docteur Denis Coulombier, responsable de l'unité chargée des préparatifs au Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC), une nouvelle agence européenne basée à Stockholm. "Il est inévitable que la mutation - la transmission d'une souche virulente d'un virus aux humains - se produira un jour en Europe", a-t-il affirmé, rappelant plusieurs précédents dont la grippe espagnole, au début du XXème siècle. Selon lui, cette mutation peut très bien ne pas provenir du H5N1. "Il y a beaucoup d'autres virus, par exemple les souches venant des porcs", a-t-il ajouté. "Il est impossible de dire quand mais cela arrivera et nous devons être prêts pour le pire", a-t-il conclu.