La décision d'imposer ou non cet embargo ne relève pas des ministres. Elle sera prise d'ici mardi par la Commission européenne, qui tiendra cependant compte des discussions de lundi. "C'est une décision de la Commission", a rappelé l'un de ses porte-parole. "Nous prendrons en compte les discussions (...) mais la décision ne sera pas prise par le conseil (des ministres) lui-même", a-t-il ajouté. La demande britannique d'un embargo sur les oiseaux sauvages vivant a été formulée samedi après la découverte dans une zone de quarantaine en Grande-Bretagne d'un perroquet originaire d'Amérique atteint du virus H5 de la grippe aviaire.
Ce week-end, la Commission a déjà indiqué qu'elle "réfléchissait" à la question. Mais elle émettait jusqu'ici des réserves sur un tel embargo, estimant qu'il pourrait favoriser le développement d'un marché noir échappant à tout contrôle sanitaire, alors que les oiseaux importés légalement dans l'UE doivent suivre une procédure de quarantaine et subir des tests. Selon une source communautaire, il semblerait cependant que la proposition britannique ait été accueillie favorablement par plusieurs Etats membres. Avant d'être détecté sur ce perroquet en quarantaine, le H5N1, qui a fait une soixantaine de morts en Asie depuis 2003, avait déjà été récemment dépisté en Roumanie et en Turquie. Dès l'apparition de ces foyers de grippe aviaire, la Commission européenne avait interdit les importations d'oiseaux et autres produits issus de la volaille venus de ces pays.
D'autres mesures de prévention, dans l'UE même, avaient aussi été renforcées pour réduire le risque d'introduction de la grippe aviaire dans les élevages avicoles, en empêchant notamment le contact entre les oiseaux sauvages et la volaille dans les zones à risques comme les marécages et les axes migratoires. La Commission européenne continue depuis de prendre des mesures au fur et à mesure que le virus progresse en Europe. Bruxelles a ainsi décidé d'interdire ce lundi les importations de volailles vivantes et de produits de la volaille de Croatie, où le virus vient de faire son apparition. Un premier foyer de grippe aviaire, un sous-type H5, a été confirmé vendredi sur des échantillons prélevés sur des cygnes à Zdenci, à une quinzaine de kilomètres de Nasice, dans l'est du pays.
Selon la télévision nationale croate, un deuxième foyer a été localisé lundi, toujours près de Nasice. Des analyses complémentaires devront toutefois préciser dans les prochains jours s'il s'agit ou non du dangereux H5N1. Avant les ministres de l'Agriculture de l'UE ce lundi, ceux des Affaires étrangères et de la Santé s'étaient déjà penchés la semaine dernière sur l'arrivée de la grippe aviaire en Europe. Les chefs de la diplomatie avaient mis l'accent sur la nécessité d'une "réaction internationale", alors que leurs collègues de la Santé avaient évoqué la possibilité de constituer des stocks "stratégiques" d'antiviraux pour faire face à une éventuelle pandémie. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a commencé lundi à faire le point sur la préparation de l'Europe en cas de pandémie de grippe aviaire de type H5N1, a quant à elle délivré un message plutôt rassurant, estimant que le Vieux continent pouvait contenir le virus mortel en se préparant bien.