"Environ 80% des oiseaux qui passent l'hiver en Tunisie ont déjà atterri", a indiqué le directeur de la Santé animale au ministère de l'Agriculture, Malek Zrelli, assurant qu'aucun cas avéré ou suspect n'a été signalé. Cinq zones d'hivernage sont surveillées et des prélèvements sont régulièrement effectués sur des oiseaux dans la réserve d'Ichkeul, près de Bizerte (Nord) et sur les lacs et étendues d'eau au Cap Bon (Nord-Est), au Sahel (centre), dans le Golfe de Gabès et à Médenine (Sud).
Le parc d'Ichkeul accueille à lui seul, d'août à décembre, jusqu'à 200.000 oiseaux d'eau arrivant chaque année de toute l'Europe, principalement d'Europe centrale, de Finlande et de Russie. Ce parc inscrit au patrimoine de l'Unesco est l'une des plus importantes réverves ornithologiques du monde. Son lac accueille des espèces rares, en particulier le canard Erismature à tête blanche, que l'on trouve aussi en Algérie, Espagne, Turquie, Iran et Russie. Le monticule surplombant le lac Ichkeul est le refuge de plusieurs espèces de rapaces. L'Association des amis des oiseaux (AAA) a recensé près d'une demi-million d'oiseaux d'eau arrivant annuellement en Tunisie.
Ce pays constitue l'un des trois couloirs majeurs de la migration saisonnière du Nord au Sud. Certaines espèces atterrissent pour une escale de deux ou trois semaines avant de poursuivre leur voyage en Afrique au sud du Sahara. 28.000 oiseaux de ce type ont été observés depuis la mi-octobre dans les barrages et plans d'eau au Cap Bon (nord-est) et du Sud-Est de la Tunisie, a indiqué un représentant de l'AAA, Abdelmagid Jabaar. En revanche, d'autres préférent la douceur de l'hiver tunisien, l'arrivée des migrateurs s'échelonnant selon l'espèce et la provenance d'août à octobre. Le retour des migrateurs vers le Nord ne reprend qu'en février, selon M. Jabaar.
Le risque peut venir aussi des étourneaux, dont les premières razzias annuelles commencent à être observées jusqu'au coeur de Tunis. Par millions, ces oiseaux s'alimentant dans les oliveraies le jour et passent la nuit dans les ficus ornant les avenues du centre de la capitale. Ces oiseaux ont été interdits à la consommation mais leur fiente sera, comme de tout temps, un vrai casse-tête pour la commune et les promeneurs tunisois.
Les autorités jugent "probable" l'apparition de foyers de grippe aviaire et se préparent à une crise éventuelle, avec la constitution de stocks d'antiviraux et de vaccins contre la grippe humaine. Des cellules de surveillance régionales sont actives, alors que chasseurs, associations écologiques, gardes-forestiers et gardes-frontières ont été mis à contribution. La vigilance est également de mise pour les volailles et tous les maillons de la chaîne avicole, qui obéissaient déjà à des contrôles rigoureux, sont l'objet d'une surveillance accrue. Le contrôle a été élargi à l'élevage familial et le nombre de prélèvements (mucus, voies digestives et urinaires) et de prises de sang a été multiplié, de même que l'effectif de vétérinaires pour une meilleure surveillance dans les fermes d'élevage à l'intérieur du pays. En cas de détection d'un foyer de grippe aviaire, un plan d'urgence doit être mis en oeuvre avec des instructions précises applicables en "quelques minutes", selon les autorités.