"La publication de ces données permettrait de dépasser le stade de la suspicion généralisée et de déclencher un débat fructueux", estime Siim Kallas, qui doit faire adopter par la Commission la semaine prochaine une "initiative européenne en matière de transparence", incitant à faire la clarté sur la distribution des aides européennes. "Dans certains Etats où ces données ont été rendues publiques, une discussion s'est engagée lorsqu'il est apparu que toutes les aides ne finissaient pas forcément entre les mains de ceux qui en avaient le plus besoin... ", ajoute-t-il.
Les autorités françaises n'ont jamais publié aucun nom de bénéficiaires de la PAC car la loi "informatique et liberté" l'interdit. Pourtant sept pays européens ont déjà publié des listes nominales. La Commission dispose déjà aujourd'hui de toutes les données sur les récipiendaires des restitutions et aides directes, mais il lui est strictement interdit de les divulguer, souligne La Tribune.
"Nous tablons sur une forte pression de l'opinion publique pour faire surgir ces informations dans les Etats", explique Siim Kallas. "Il en va, au final, de la crédibilité des autorités nationales mais aussi européennes: il faut pouvoir rendre des comptes aux citoyens en leur expliquant où va leur argent." Les subventions agricoles des pays riches, enjeu majeur des négociations en cours à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), font l'objet d'une offensive en Europe, notamment de la part de députés européens libéraux et écologistes, qui estiment que la transparence est un élément crucial pour s'assurer que le débat ne soit pas mené seulement par ceux qui sont subventionnés. Selon La Tribune, un centre de recherche de Sciences Po, le Groupe d'Economie Mondiale (GEM), s'apprête à publier une liste qui rend compte de 24 montants d'aide directe agricole parmi les plus importants versés en France.