Le traitement de semence du blé

Les premiers traitements de semences remontent à 3000 ans avant J-C. Ils utilisaient des produits à base d’oignon. Vers le 10ème siècle, les traitements de semences étaient à base d’engrais liquide. Ensuite durant le 17ème siècle, des traitements à l’eau salée ont été utilisés pour lutter contre la carie. Les premiers produits à base de cuivre sont apparus ensuite. En ce qui concerne les molécules utilisées pour le traitement des semences, l’arsenic fût utilisée de 1740 à 1808, le mercure dès 1915 pour être interdit en Europe en 1982 et la première molécule systémique fût lancé en 1960. Les premiers traitements de semences systémiques apparurent sur le marché en 1970 et les premiers insecticides en 1990.

La protection des semences

Toutes les maladies transmises par les semences sont très bien contrôlées avec les produits actuels sur le marché.

Les seuils


Le piétin échaudage (© DR)

Contre ces maladies, seules les fusarioses répondent à un seuil. Les traitements de semences haut de gamme sont conseillés pour les semences dont le taux de contamination est supérieur à 15 % ( F. roseum et F. nivale ) confondus.

Pour la carie, aucun seuil n’existe, puisque tout lot contaminé doit être éliminé.

Pour le piétin échaudage, il n’y a aucun seuil. Cette maladie très complexe est liée à un champignon provenant du sol et non présent sur la semence.

Le raisonnement du traitement de semences

Le raisonnement du traitement de semence demande de tenir compte de plusieurs facteurs : l’espèce de la céréale à protéger (blé, orge, etc.…), les maladies visées (carie, fusariose, septoriose, piétin échaudage), la qualité du lot de semences (taux de contamination par la fusariose), la parcelle (risque de piétin échaudage ou pas). il faut aussi intégrer le facteur prix du produit.

a) Les maladies du blé 

  •  La septoriose

Elle provoque soit des fontes de semis, soit des tâches brunes sur les feuilles, les gaines et les épis. Si des semences contaminées sont utilisées, des fontes de semis importantes peuvent avoir lieu à la levée. Un bon contrôle des maladies en végétation par les fongicides empêche, dans la majorité des cas, la contamination des futures semences.

  • Les fusarioses

Les champignons les plus rencontrés sont Fusarium roseum et Michrodochium nivale. Ils provoquent dans un premier temps des fontes de semis avec des plantes qui prennent un aspect crispé et les plantules sortent difficilement de terre. En fin de végétation à l’épiaison, F nivale provoque une coloration des glumes brunes et F roseum une coloration rose. C’est au moment de la floraison que le blé est le plus sensible. Les fusarioses attaquent également la gaine des tiges de la plante. La grande majorité des traitements de semences haut de gamme sont efficaces sur cette maladie.

  • Les caries

C’est une maladie qui est provoquée par un champignon (Tilletia caries). La contamination de la plante s’effectue à partir du grain par des spores provenant soit de la semence, soit du sol. Au moment de la levée, la spore germe et pénètre au niveau du coléoptile et contamine la jeune plantule. La plantule est résistante à partir du stade 3 feuilles. A l’épiaison les épis sont bleuâtres, les grains ont une forme ovoïde, de couleur verdâtre et donnent aux épis un aspect ébouriffé. A maturité, une odeur de poisson pourri se dégage des grains atteints, ils contiennent des spores qui,  libérées au battage, assureront la dispersion de la maladie. La récolte ainsi contaminée est impropre à la commercialisation. La  lutte contre cette maladie passe par le traitement des semences. Les traitements de semences à base de triazole se révèlent très efficaces.

b) les traitements de semences

Les traitements de semences utilisables à la ferme permettent une bonne adaptation aux besoins. Les seuls produits de base les moins chers sont ceux à base de manébe ou de thirame seuls (manolate, pomarsol) ou associés avec un anticorbeau (manolate corbeaux) pour un coût d’environ 3 euros par quintal. Mais à ce prix, l’efficacité contre les maladies est un peu faible et leur utilisation ne se justifie que pour des semences de bonne qualité qui ont été bien triées auparavant. Ces produits ne sont pas efficaces contre la carie du blé.

   Caries  Septoriose  Fusariose  Piétin
 Contamination  Semence et sol  Semence  Semence Débris végétaux  Débris végétaux du sol
 Localisation  Externe  Externe  Externe  Racines
 Seuil de nuisibilité  Dès la présence  Pas de seuil  >15% TS renforcé (Celest)  Pas de seuil
 Symptômes  Epis Ebourriffés- odeur désagréable  Fonte de semis  Fonte de semis  Nécrose racinaire
 Produits  Celest, Seman  Tous les produits  Celest  Laltitude de 0,2 l/gl
 Stade de la maladie  Au semis  A la montaison et à la levée  A la floraison et à la levée  A la maturité

D’après tableau : Perspective Agricole n° 215 page 44 

 

PRODUIT

EURO/QL

CARIE

SEPTO

F, ROSEU

F NIVALE

CHARBON

AUSTRALE PLUS

20

0,5

0,5

0,5

0,5

0,5

CELESTE GOLD

7,5

0,2

0,2

0,2

0,2

 

CELESTE REV

6,5

0,2

0,2

0,2

0,2

 

KINTO TS

7

0,15

0,15

0,15

0,15

0,15

JOCKEY PLUS

28,0

0,45

0,45

0,45

0,45

 

SEMEVAX

6,5

0,3

0,3

0,3

0,3

 

GAUCHO BLE

24

0,4

0,4

0,4

0,4

 

SIBUTOL

6,5

0,2

0,2

0,2

0,2

 

SEMAN TS

6.0

0,15

0,15

0,15

0,15

0,15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’après dépliant ARVALIS traitement des semences

 

 Mon itinéraire technique

La protection de la semence est à prendre en compte comme une intervention à intégrer dans l’itinéraire technique. Avant l’implantation de la culture, j’évalue tous les risques pour chaque variété de blé afin d’en déterminer le produit à utiliser :

  • qualité du lot de semences de ferme (Risque élevé ou pas de F. roseum et F. nivale au mois de juin)  
  • date de semis (utilisation ou non d’un insecticide avec le traitement)
  • précédent (utilisation de Latitude en premier blé/blé).           

Après évaluation de chacun des risques, j’utilise la molécule ayant la stricte efficacité nécessaire. Dans la majorité des cas en précédent colza et pour une semence sans risque fusariose j’emploie SemanTS à 0.15 l/qtl et, Celeste REV dans le cas de risque élevé de fusariose. (Forte contamination des mes semences au mois de juin). J’associe Lattitude à l’un de ses deux produits dans le cas d’un blé sur blé et si le type de sol et propice au développement du piétin échaudage (limon profond)

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