"Clairement, les Etats-Unis doivent égaler les réformes ambitieuses mises en oeuvre par l'Union européenne" qui a déjà réformé sa politique agricole commune et s'est "depuis le début (du cycle de Doha en 2001) engagée à réduire les aides internes (aux agriculteurs) et les droits de douane", a affirmé Mme Lagarde, dans un discours devant l'Institut européen dans la capitale américaine. La ministre a appelé le gouvernement américain "à mettre en oeuvre les réformes promises par le président Bush à Gleneagles (sommet du G8 en juillet)". "Réformer efficacement les programmes d'aide aux agriculteurs (américains) sera un élément clé pour assurer le succès de ce cycle" de Doha, a-t-elle ajouté.
Mme Lagarde a rappelé que là où les Etats-Unis versent encore 20.000 dollars de subventions par agriculteur, l'UE a réduit ces aides à 14.000 dollars par exploitant agricole. Par ailleurs, devant la presse américaine mardi, Mme Lagarde a rappelé l'avance considérable que l'Europe a acquis en matière d'accès au marché pour les pays les moins développés, notamment par le biais du programme "tout sauf des armes" qui a supprimé les quotas et les droits de douane pour les produits des pays les plus pauvres. De plus "l'UE absorbe 85% des exportations africaines et 45% de celles d'Amérique latine", a-t-elle noté en qualifiant le programme américain Agoa (African Growth and Opportunity Act) de 2000 de "nettement moins généreux". Ce programme donne aux pays pays africains qui acceptent d'adopter des principes d'économie libérale un accès privilégié au marché américain dans certains secteurs. A propos des négociations de Doha, Mme Lagarde s'est dite "désespérément optimiste" sur les chances d'aboutir à un accord lors de la conférence ministérielle de l'OMC à Hong Kong du 13 au 18 décembre. Elle n'a pas donné plus de précisions. Enfin, lors de ses deux jours d'entretiens avec des dirigeants, parlementaires et industriels américains, la ministre française a souligné avoir "eu des messages chaleureux de tous" quant aux scènes de violences qui ont frappé les banlieues de Paris et certaines grandes villes en France depuis le 27 octobre. Les interlocuteurs "ont exprimé plutôt de la solidarité qu'une curiosité malsaine", a souligné Mme Lagarde.