Depuis 50 ans, Hans Hofer, un pêcheur habitant au bord du lac, attrape des oiseaux migrateurs dans une nasse, au milieu des roseaux, leur passe une bague pour les répertorier pour le compte de la station d'ornithologie de Sempach, avant de les remettre en liberté. La saison de baguage des oiseaux commence en novembre, mais cette année elle n'est pas comme les autres : la station d'ornithologie de Sempach participe à un vaste programme de surveillance de ces oiseaux migrateurs, qui aiment passer les mois d'hiver en Suisse. "Est-ce que le virus H5N1 va arriver en Suisse, véhiculé par les oiseaux migrateurs? C'est la question de fond que nous nous posons", a déclaré jeudi devant la presse le Dr Matthias Kestenholz, de la station de Sempach.
Pour ce faire, les bénévoles, comme Hans Hofer, qui baguent les oiseaux migrateurs, ont une mission supplémentaire cette année: faire un prélèvement de fiente, seul moyen de détection de la présence du virus. Jeudi, sous les yeux d'une nuée de journalistes, Hans Hofer a ainsi bagué un canard morillon, un canard col-vert, puis un cormoran, et procédé au prélèvement de fiente. La nasse de Hans Hofer lui permet de capturer 2.000 oiseaux migrateurs chaque année pour les baguer.
La Suisse compte des dizaines de lacs et de cours d'eaux. Le pays est donc très apprécié par les oiseaux migrateurs. Selon le Dr Kestenholz, ces volatiles aiment particulièrement les lacs Léman, de Neuchâtel et de Constance. Sur le lac de Sempach, aucun bateau de navigation ne vient troubler leur quiétude. Ce lac est interdit à tout type de navigation commerciale ou touristique. D'ici à la fin de l'année, quelque 800 prélèvements sont programmés au lac de Sempach. Les échantillons déjà prélevés depuis début novembre sont en cours d'examen. Une opération similaire a déjà eu lieu dans une autre station d'ornithologie suisse, début novembre, dans le canton de Bâle-campagne (nord-ouest). La moitié des 500 échantillons prélevés ont été analysés, et aucun ne présentait le virus H5N1.