"Pour sortir de l'impasse, les Etats-Unis et l'Union européenne doivent aller plus loin dans les négociations sur l'agriculture", a déclaré le Premier ministre britannique. Insistant sur l'importance d'un tel accord pour les pays en développement, il a rappelé que cela "donnerait un regain d'espoir" au cinquième de la population mondiale qui vit avec moins d'un dollar par jour. Il faut donc "une date crédible pour la fin des subventions à l'exportation", a déclaré M. Blair, qui lors de son discours traditionnel lors du banquet annuel du Lord-maire de Londres, dans le Guildhall, au coeur de la City.
De leur côté, les pays en développement, comme le Brésil et l'Inde, doivent faire plus pour ouvrir à l'investissement étranger leurs secteurs de l'industrie et des services, a-t-il estimé. "Nous avons besoin d'un accord d'ensemble, ambitieux pour lever les barrières au commerce dans trois secteurs clés: l'agriculture, l'accès aux marchés non-agricoles et les services", a-t-il déclaré. "L'objectif de Hong Kong doit être de créer les conditions pour y parvenir d'ici à la fin 2006." "En contrepartie, le Brésil, l'Inde et d'autres (pays) doivent bouger sur les baisses de tarifs industriels, la libéralisation des services, avec la flexibilité propre aux pays en développement qui ont besoin de mettre en conformité leurs engagements avec leurs besoins de développement", a-t-il poursuivi.
M. Blair a ainsi tenté de redynamiser des négociations qui à un mois de la rencontre ministérielle, du 13 au 18 décembre à Hong Kong, semblent dans l'impasse. Le directeur général de l'OMC, le Français Pascal Lamy, a lui-même semblé écarter lundi la possibilité d'un accord immédiat, reconnaissant qu'actuellement "les positions sont trop différentes". Les discussions achoppent sur la question des subventions agricoles, que le G20, un groupe de pays émergents créé pour les négociations à l'OMC et incluant le Brésil, souhaite voir réduites. Citant des sources à Downing Street, le Guardian indiquait lundi que M. Blair allait passer les semaines à venir à essayer d'injecter une "nouvelle dynamique" dans les pourparlers avant la conférence de Hong Kong.
Alors qu'il a fait de la lutte contre la pauvreté une priorité de sa présidence du G8 et assure la présidence de l'UE au second semestre, M. Blair craint que sa présidence ne s'achève sans résultat concret en cas d'échec des discussions à Hong Kong. "A Gleneagles (lors du sommet du G8 en juillet), nous avons montré au monde - et aux pauvres du monde - que les dirigeants politiques dans les pays riches ne se préoccupent pas seulement de la pauvreté dans le monde, mais sont capables d'agir ensemble pour aider à l'éliminer", a-t-il déclaré lundi soir. "Le défi à présent est d'étendre ce principe de coopération dans le système de commerce multilatéral, et c'est ce que représente le cycle de développement de Doha", a-t-il insisté. "Parfois, je crains que nous ne perdions de vue ce qui est en jeu", a-t-il ajouté. M. Blair a annoncé que le Royaume-Uni allait tripler le montant de son aide annuelle aux pays pauvres, en la faisant passer à 100 millions de livres (149 millions d'euros) d'ici à 2010.