Cette réforme constitue le principal enjeu de la réunion des ministres européens de l'Agriculture et de la Pêche qui a débuté mardi matin à Bruxelles. Autre assouplissement proposé, par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne, un prix d'intervention serait maintenu pour quatre ans, au lieu d'être supprimé. Jusqu'à présent l'UE achète le sucre aux producteurs à un prix fixé, dit prix d'intervention, de 631,9 euros la tonne. Pour la campagne 2008/09, ce prix tombera à 474 euros, puis à 385,5 euros en 2009/10, pour atteindre l'objectif de réduction fixé par la Commission. La présidence britannique propose aussi d'augmenter les compensations aux betteraviers à hauteur de 65% des pertes de revenu, au lieu de 60% dans le projet de la Commission. De source communautaire, on indique en outre que le fonds de restructuration pour l'industrie sucrière sera doté d'environ 6 milliards d'euros, contre 3,8 milliards précédemment.
Les ministres devraient commencer à débattre de la proposition britannique mardi après-midi. On attend une négociation marathon pour arracher un accord sur cette réforme, alors qu'il reste trois semaines avant la conférence ministérielle de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Hong Kong. L'UE a été condamnée par l'OMC pour un régime sucrier qui garantissait aux producteurs européens un prix trois fois supérieur aux cours mondiaux, et leur permettait en outre de pratiquer un véritable dumping à l'exportation.
Une centaine de planteurs de betteraves sucrières manifestaient mardi matin à Bruxelles contre la réforme proposée Bruxelles. Les manifestants avaient planté des pancartes sur un tas de betteraves déversé devant le siège du conseil des ministres, dans le quartier européen de la capitale belge, sur lesquelles ont pouvait lire des slogans tels que "Les gros se sucrent, les petits fondent" ou "Réforme du sucre, que des perdants". "Pour les 320.000 planteurs européens, la perte de revenu global, après compensation, sera de l'ordre de deux milliards d'euros, soit une perte par famille de l'ordre de 5.000 euros par an", ont affirmé les organisations agricoles belges, organisatrices de la manifestation.