La présidence britannique de l'UE propose d'assouplir la réforme

Par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne, le compromis britannique offre d'étaler la réduction du prix du sucre et d'augmenter les aides à la restructuration pour les producteurs. Les ministres devraient commencer à en débattre mardi après-midi, les discussions pouvant prendre des allures de marathon. La Commission veut absolument se présenter à Hong Kong avec une réforme adoptée mais les résistances sont très fortes dans les Etats membres dont l'industrie sucrière est menacée par la réforme. L'UE a été condamnée par l'OMC pour son régime sucrier qui garantissait aux producteurs européens un prix trois fois supérieur aux cours mondiaux, et leur permettait en outre de pratiquer un dumping à l'exportation. Elle doit se mettre en conformité avec le jugement avant mai 2006.

L'objectif principal de la réforme, une réduction du prix du sucre de 39%, est désormais étalé sur quatre ans, au lieu de deux. Un prix d'intervention est maintenu pour la même période, au lieu d'être supprimé. Jusqu'à présent l'UE achète le sucre aux producteurs à un prix fixé, dit prix d'intervention, de 631,9 euros la tonne. Pour la campagne 2008/09, ce prix tombera à 474 euros, puis à 385,5 euros en 2009/10, pour atteindre l'objectif de réduction fixé par la Commission. La présidence britannique propose aussi d'augmenter les compensations aux betteraviers à hauteur de 65% des pertes de revenu, au lieu de 60% dans le projet de la Commission. Le prix de la tonne de betteraves à sucre devrait baisser progressivement de 32,9 euros par tonne pour la campagne 2006/07 jusqu'à 25,1 euros en 2009/10. Pour les industriels, qui transforment la betterave en sucre blanc, le fonds de restructuration sera doté d'environ 6 milliards d'euros sur 4 ans, contre 3,8 milliards précédemment, indique-t-on de source communautaire.

Le compromis britannique fait par ailleurs un effort en direction des pays producteurs ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), qui bénéficient d'un accès privilégié au marché européen et craignent d'être particulièrement touchés par la réforme. Ils se voient accorder un délai de deux ans avec un prix d'achat inchangé, à 496,8 euros par tonne de sucre brun. Ce prix baissera à 392,8 euros pour la campagne 2008/09, puis 319,5 euros pour 2009/10, soit dans les mêmes proportions que pour les producteurs européens. "Nous avons fait de notre mieux pour prendre en compte les inquiétudes des Etats membres dans ce compromis approuvé par la Commission", a déclaré la ministre britannique de l'Environnement, de l'alimentation et des questions rurales Margaret Beckett, citée dans un communiqué.

La commissaire européenne à l'Agriculture et au développement rural Mariann Fischer Boel a indiqué de son côté que "les éléments essentiels" pour un accord "équilibré" étaient réunis dans ce compromis. La Coordination paysanne européenne a rappelé de son côté qu'elle demandait aux ministres de "ne pas approuver la réforme", qui "rayerait de la carte la production dans plusieurs régions de l'UE, en la concentrant dans les régions les plus favorisées". L'organisation non-gouvernementale Oxfam, très impliquée dans la défense des intérêts des pays ACP, s'est pour sa part déclaré "déçue". "La Commission fait tout pour aider les pays membres en donnant plus d'aides à ses producteurs et n'offre presque rien aux ACP et aux pays les plus pauvres", a déploré son porte-parole à Bruxelles, Louis Belanger.

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