"Si la protection aux frontières était réduite, si les subventions à l'exportation étaient supprimées, cela aurait un impact dramatique sur les agriculteurs", dit-il. "Si l'on se base sur l'offre de la Commission européenne, en particulier sur les volailles, le lait, la viande bovine, plusieurs dizaines de milliers d'emplois seraient menacés", ajoute-t-il. "La manière dont ont été menés les débats par les Etats-Unis, le groupe de Cairns (17 pays exportateurs de produits agricoles, ndlr) et le commissaire européen Mandelson, qui a galopé souvent bien loin devant son infanterie, explique qu'on en soit aujourd'hui arrivé à une situation de blocage", dénonce le ministre. Il réaffirme que "Peter Mandelson est allé beaucoup trop loin dans ses propositions" de baisse des tarifs douaniers européens sur les produits agricoles à l'OMC. "Le débat sur l'OMC a été faussé dès le début: on n'y a parlé que d'agriculture et on a oublié l'objectif du développement en faisant croire que la suppression des barrières douanières, de préférence celles de l'Europe, permettrait aux plus pauvres d'accéder à nos marchés", selon M. Bussereau. "Mais ce ne sont pas eux qui en profiteront", ajoute-t-il.
La réunion ministérielle de l'OMC, du 13 au 18 décembre à Hong Kong, devait initialement marquer le succès, ou au moins un net progrès, dans les négociations en vue de l'ouverture du commerce mondial, lancées en 2001 à Doha (Qatar). Mais les discussions achoppent en particulier sur le conflit entre l'Union européenne et des pays comme les Etats-Unis ou l'Australie sur la réduction des subventions agricoles européennes. Réaffirmant l'opposition de la France à toute réforme de la Politique agricole commune (PAC) actuelle, M. Bussereau estime que pour l'avenir, une renationalisation de certains de ses aspects serait "une grave erreur". Il faudra donner "une place plus importante aux aides du deuxième pilier, c'est à dire le développement rural", selon lui.
