La semaine dernière, les représentants permanents (ambassadeurs) des Etats membres avaient déjà discuté de cette question, en vain. Le temps presse pourtant, car l'Union européenne doit modifier son régime contesté d'importation de bananes au plus tard le 1er janvier 2006, en vertu d'un accord obtenu fin 2001 entre tous les pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce nouvel échec intervient aussi à trois semaines des négociations de l'OMC à Hong Kong, qui risquent de buter sur les questions agricoles. Un bloc de dix pays, emmené par l'Allemagne et la Hollande, juge toujours trop élevé le tarif de 179 euros, selon des sources diplomatiques. "Nous sommes très déçus qu'il n'y ait pas eu d'accord sur notre nouvelle proposition", a indiqué une source de la Commission, expliquant que le débat pourrait reprendre vendredi si des progrès étaient enregistrés d'ici là dans les négociations en coulisse.
La proposition de la Commission européenne est la troisième tentative pour fixer un régime tarifaire qui satisfasse les différents intérêts en présence. La Commission a d'abord proposé un tarif douanier de 230 euros par tonne, puis de 187 euros, mais tous les deux ont été rejeté par l'OMC. Dans cette affaire, l'UE est confrontée d'une part aux producteurs très compétitifs d'Amérique Latine et aux pays européens, dont l'Allemagne, qui veulent importer des bananes à bas prix, et d'autre part aux producteurs communautaires --principalement aux Antilles françaises-- et des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), qui bénéficient dans le régime actuel d'une protection tarifaire ou d'un accès préférentiel. L'UE applique aujourd'hui un droit de douane de 75 euros par tonne pour les importations de bananes d'Amérique latine dans la limite d'un quota de 2,2 millions de tonnes, le tarif bondissant à 680 euros par tonne pour les importations hors quotas.