Londres veut réformer la PAC de fond en comble d'ici 10 à 15 ans

Ce projet, de nature à renforcer la pression sur la France pour qu'elle fasse des concessions, est susceptible selon son auteur, le ministre britannique des Finances Gordon Brown, de faire avancer les discussions sur le commerce mondial, actuellement dans l'impasse. Il a été publié le jour où s'ouvrait une réunion des ministres des Finances du G7 à Londres et à dix jours de la réunion de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) à Hong Kong. Etabli avec la ministre britannique de l'Agriculture, Margaret Beckett, ce document de 76 pages affirme qu'une politique agricole commune viable, à un horizon de 10 à 15 ans, ne doit inclure "aucun prix garanti, aucun soutien à l'exportation ni aucune subvention à la production ou à la consommation". "Les tarifs douaniers pour tous les secteurs agricoles" doivent quant à eux "être progressivement alignés sur les niveaux de taxation les plus bas en vigueur dans les autres secteurs de l'économie", indique le document.

M. Brown et Mme Beckett souhaitent également que l'agriculture soit soumise à la régulation européenne de la concurrence. Ils estiment que la suppression des prix agricoles garantis réduirait l'inflation de 0,9% en Europe. "La société pourrait moins financer l'agriculture tout en en retirant de bien plus grands bénéfices, les consommateurs pourraient avoir un approvisionnement alimentaire assuré avec une nourriture moins chère, saine et de bonne qualité, les pays en voie de développement pourraient atteindre une croissance importante". M. Brown a annoncé la publication de ce document lors d'une conférence à Londres avant la réunion, vendredi soir et samedi matin, des ministres des Finances et banquiers centraux des principaux pays industrialisés.

Le dossier des subventions agricoles est au menu des discussions du G7, à dix jours de la réunion de l'OMC à Hong Kong. "Nous avons toujours été contre le protectionnisme et en faveur du libre échange", a déclaré le ministre britannique, et "comme l'a récemment remarqué le secrétaire général de l'OMC Pascal Lamy, l'avenir du protectionnisme agricole est au coeur du problème". Le ministre a répété ces dernières semaines que l'Europe devait faire un geste en matière de subventions agricoles pour inciter les pays émergents à ouvrir leurs marchés au secteur des services. "C'est de cela que nous devons discuter à l'échelon international dans les prochains jours", a-t-il dit vendredi.

Ces propos pourraient mettre la France dans l'embarras au G7, alors qu'elle a indiqué ne pas pouvoir aller plus loin que la réforme de la PAC déjà engagée en matière de subventions agricoles. A Bruxelles, la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, a réagi avec une grande réserve à ce projet, susceptible de jeter de l'huile sur le feu dans la dispute franco-britannique sur la PAC. "Bien sûr, nous sommes heureux de recevoir des contributions au débat sur l'avenir de la PAC, mais nous pensons que ce n'est pas le bon moment", a indiqué la commissaire dans un communiqué. Elle rappelle d'ailleurs que tous les gouvernements européens, y compris celui de Londres, ont approuvé en 2002 la sanctuarisation jusqu'en 2013 des dépenses agricoles de l'UE. La réforme de la PAC, lancée en juin 2003, a vu l'UE renoncer progressivement à une politique productiviste en coupant le lien entre les aides perçues par les agriculteurs et le niveau de leur production.

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