M. de Villepin a précisé mercredi qu'il voulait créer avec la restauration "un véritable partenariat économique, avec des engagements concrets dans le domaine des prix, dans celui des emplois et des salaires". Il a aussi indiqué qu'il voulait déterminer "un calendrier avec la profession" pour aboutir à une réduction du taux de TVA. Réunis en congrès à Toulouse depuis le 6 décembre, les restaurateurs n'ont pas tardé à réagir à une déclaration qu'ils jugent trop vague. "Ca ne nous satisfait pas, c'est de la poudre aux yeux, un langage que nous avons maintes fois entendu et qui n'est pas crédible", s'est insurgée à l'AFP Dany Deleval, restauratrice à Lille, présidente de la région Nord de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih).
Et d'avertir que les restaurateurs de sa région --quelque 4.000 entreprises-- "sont prêts à adresser une lettre au préfet pour lui dire qu'ils licencient chacun un de leurs salariés". "Il ne s'agit pas de prendre nos salariés en otages, mais nous sommes déterminés, car exténués et profondément découragés", a justifié Mme Deleval. Le gouvernement doit comprendre qu'en réclamant un taux de TVA à 5,5% contre 19,6% actuellement, "c'est pas un cadeau que nous lui demandons mais une nécessité", martèle Jean-Paul Durand, restaurateur à Dijon. Et de mettre en avant l'augmentation des dépôts de bilan des restaurateurs dans sa région. "Le taux est en train de passer de 4% en 2004 à 7% cette année". Pour le moment, les restaurateurs de l'Umih affichent leur confiance dans leur président, André Daguin, pour maintenir la pression sur l'Etat. Celui-ci a tenté de remonter le moral de ses troupes et de les rassurer. "Nous allons mettre la pression tous les jours jusqu'à ce que nous ayons la TVA. Et lorsque nous l'aurons, on remettra la pression pour que le calendrier ne soit pas trop long", a-t-il martelé lors d'un débat sur ce dossier. "Nous ne devons pas avoir de crainte excessive mais pas non plus d'optimisme béat", a-t-il tempéré. "Nous sommes là pour nous battre et nous devons continuer toutes les pressions possibles", a-t-il insisté.
Les restaurateurs réclament la fixation d'une date pour abaisser ce taux et au plus vite. "On navigue à vue depuis 10 ans, désormais nous voulons un ordre de route avant le 1er janvier 2006", a lâché M. Durand à l'AFP. Forte des promesses qui lui ont été faites par les gouvernements successifs de porter le taux de TVA à 5,5%, les restaurateurs ont anticipé en augmentant les salaires et en accordant la sixième semaine de congés.
Propriétaire d'une brasserie à Dijon, Jean-Louis Humbert est "déçu". "J'étais venu à Toulouse pour avoir des bonnes nouvelles. J'ai anticipé en créant un emploi, qu'est-ce que je vais faire maintenant", se lamente-t-il. Puis la colère monte. "Je ne baisserai pas les bras. Faut que cela bouge et vite. Nous ne voulons plus de beaux discours et pas de prochain congrès à 19,6%", a-t-il mis en garde. "Nous n'avons plus confiance. Nous devenons très nerveux. Faut-il casser, brûler des voitures pour se faire entendre", renchérit Joël Oudin, propriétaire de deux restaurants à Reims. "Villepin a évoqué un calendrier, nous le nôtre on voudrait qu'il n'ait que 22 jours. Après ce sera fini", prévient-il. Et de déplorer qu'à 56 ans, il soit encore contraint de travailler 16 heures par jour, faute de "trouver du personnel acceptant de travailler avec des horaires décalés" pour un salaire pas attractif.