"Depuis quelques années, les ventes de fruits secs à chair et à coque augmentent régulièrement de 7 à 8%, mais explosent littéralement au moment des fêtes de fin d'année", explique Michel Abitbol, directeur de Daco France, une des cinq plus importantes sociétés d'importation et de conditionnement des fruits. "La moitié de notre chiffre d'affaires est réalisée entre septembre et décembre, période qui correspond à l'arrivée de la nouvelle récolte sur le marché", ajoute-t-il. Pour lui, "la corbeille de Noël, composée de fruits secs à chair (pruneaux, figues, dattes, raisins), de fruits à coque (noix, amandes, noisettes) et de pâtes de fruits, de calissons et de nougats, est aujourd'hui considérée comme une alternative à la boîte de chocolats". "Elle est, pour les trois quarts, offerte à Noël", poursuit M. Abitbol qui traite chaque année entre 6 et 7.000 tonnes de fruits commercialisés dans les grandes surfaces. "Des quatre coins du monde, nous importons des fruits à coque ou à chair, à l'exception du pruneau et de la noix récoltés encore en France. Toutefois la réputée amande de Valensole (sud de la France) a quasiment disparu, au profit de l'espagnole et de l'américaine", explique Michaël Becker, président du syndicat national des fruits secs (SNFS).
Au cours des deux dernières campagnes (2003 et 2004), l'Espagne, un des trois premiers producteurs mondiaux d'amandes, a vu ses récoltes chuter de manière spectaculaire. L'an dernier, la récolte espagnole a été divisée par deux (23.000 tonnes), pesant sur l'offre mondiale (1,67 million de tonnes, en baisse de 5%) alors que parallèlement la demande progressait de 6%, selon les statistiques de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation). Premiers producteurs mondiaux, les Etats-Unis ont profité de cette situation, réalisant en 2004 des exportations record de 63.000 tonnes, soit le septième de la récolte totale américaine (490.000 tonnes). Résultat : sur le marché mondial, le prix de la livre d'amandes est passée de 1,4 à 2,30 dollars en un an. Le marché de la noisette, aux mains de la Turquie, premier producteur mondial, a également été victime d'une récolte défaillante, puisqu'elle a été ramenée à 425.000 tonnes (2004-2005) contre 725.000 tonnes trois ans auparavant. Réputée pour la qualité de ses noix (production de 25.000 tonnes), la France est toutefois un petit poucet face à la Chine, premier producteur, avec ses 350.000 tonnes récoltées lors de la dernière campagne, soit le quart de la production mondiale (1,4 million de tonnes).
Hormis le pruneau --52.000 tonnes produites en France en 2003-- la France importe des quatre coins du monde la totalité des fruits secs. En 2002 (dernier chiffre disponible), ces importations ont porté sur 535 millions d'euros. Avec un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros, "les fruits secs ne représentent que 3 à 7% de la filière fruits-légumes, avec une pointe à 10% lors de la commercialisation des corbeilles", constate M. Abitbol. Le marché devrait se développer au cours des prochaines années si les industriels répondent à l'appétit des consommateurs pour de nouvelles graines exotiques : noix de cajou (récoltées au Vietnam et en Inde), de macadamia (Australie) ou de fruits secs à chair comme la papaye, la mangue ou l'ananas.
