Au deuxième jour de la conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Hong Kong, les producteurs africains ont menacé de torpiller tout éventuel accord entre les 150 Etats membres si les pays riches ne réduisaient pas leurs subventions. "Si nous n'obtenons pas de résultat concret, l'Afrique ne pourra pas s'associer à un consensus" à Hong Kong, a averti devant la presse le président de l'Association cotonnière africaine, Ibrahim Malloum. Pénalisés surtout par les subventions des Etats-Unis, qui pèsent sur les cours mondiaux, les Africains exigent la disparition de toutes les aides à l'exportation du coton au 1er janvier.
Principaux visés: les Etats-Unis, qui ont versé l'an dernier près de 4 milliards de dollars à leurs 25.000 producteurs de coton, contribuant à la poursuite de la baisse des cours mondiaux. Pour la récolte 2005, les producteurs africains affirment avoir perdu plus de 400 millions de dollars aux dépens de 20 millions de producteurs dans 33 pays. "J'en appelle à la conscience de tout être humain digne de ce nom", a lancé lors d'une séance pléinière la ministre tchadienne du Commerce, Odjimbaye Soukate Ngarmbatinan, la voix brisée par l'émotion. "Il s'agit de la vie de 20 millions de personnes. Je voudrais pouvoir repartir de Hong Kong la conscience tranquille".
Benoît Ouattara, le ministre burkinabè du Commerce, a appelé l'OMC à "un sursaut collectif" sur ce dossier "emblématique" des injustices du commerce mondial et estimé que la crédibilité de l'institution était en jeu. "Si pour nos peuples une solution juste ne peut pas être trouvée à Hong Kong, ils seront en droit de se demander ce que nous faisons dans cette organisation", a-t-il lancé. Intervenant tel un accusé après plusieurs ministres africains, le représentant américain pour le Commerce, Rob Portman, a admis la responsabilité de son pays, mais sans annoncer les concessions espérées par l'Afrique.
Il a contre-attaqué en assurant que les subventions américaines ne sont qu'en partie à l'origine des problèmes des producteurs africains, citant différentes études qui établissent que ces aides ne pèsent que de l'ordre de 2% à 12% sur les cours mondiaux. Il serait "irresponsable" dans ces conditions de faire croire aux producteurs africains que la disparition des subventions américaines résoudrait leurs problèmes, a lancé M. Portman. Il a plaidé pour une aide internationale à la production africaine, dont les rendements sont inférieurs de moitié à la moyenne mondiale.