Le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso a jugé un compromis "crucial", après le fiasco des premiers pourparlers de juin et le rejet de la Constitution en France et aux Pays-Bas. "Une absence d'accord enverra un message très négatif aux citoyens, un message que l'Europe est dans l'impasse et ne peut pas faire de progrès", a-t-il averti. Les dirigeants n'entreront dans le vif de la négociation que dans la soirée, après une première session de travail sur deux thèmes annexes de la réunion: les taux de TVA, la France en particulier réclamant un taux réduit pour ses restaurateurs, et l'octroi du statut de pays candidat à la Macédoine. Tony Blair devrait profiter du dîner pour jauger sa marge de manoeuvre sur le budget. Ses partenaires ont très mal accueilli sa dernière offre présentée mercredi. Le Premier ministre britannique aura déjà eu, avant même le début de la rencontre, un tête-à-tête avec le président français Jacques Chirac.
Dans sa dernière mouture, le Royaume-Uni propose pour 2007-13 une enveloppe globale de 849,3 milliards d'euros (1,03% du PIB communautaire). Elle n'augmente que de 2,3 milliards d'euros par rapport à sa précédente version, qui taillait de près de 10% dans les aides aux nouveaux Etats-membres. Londres n'a prévu aucune nouvelle concession sur son fameux rabais, qui continuera à augmenter. M. Blair accepte simplement de modérer cette hausse, et de faire perdre à son pays 8 milliards d'euros sur un total estimé entre 50 et 55 milliards d'euros sur la période 2007-13. Jusqu'ici, le Premier ministre britannique a conditionné toute révision substantielle du rabais à une refonte totale du budget, afin de réduire les dépenses agricoles. Celles-ci ont été fixées fin 2002, jusqu'en 2013, par un accord auquel la plupart des 25, emmenés par la France, refusent de toucher. Mais M. Blair, dont le seul résultat à la tête de l'UE a été l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie, sait aussi qu'il joue jeudi et vendredi le bilan de sa présidence.
Pour éviter un nouveau bras de fer, notamment avec la France, particulièrement offensive sur la réduction du rabais, il pourrait donc faire vendredi de nouvelles propositions permettant de débloquer le dossier. En attendant, la présidence britannique a déjà distillé, dans sa nouvelle proposition, plusieurs centaines de millions destinés à répondre aux revendications spécifiques de plusieurs Etats-membres comme l'Espagne, la Slovaquie ou la Pologne.