L’agriculteur : producteur d’énergie ?


Démonstration de chaudière polycombustible
par la société Boulogne (© Terre-net)
Pour cette journée technique, l’association des éleveurs de la  région de Poix de Picardie avait fait appel à des intervenants de tous horizons : CVG (centre de valorisation des glucides et des produits naturels), Ademe, Chambre d’agriculture, démonstrateurs, agriculteur. Philippe de Braeckelaer, du CVG, a ouvert la journée en rappelant l’importance de bien mûrir son projet avant de se lancer dans la production d’énergie à la ferme. « Il faut faire attention aux modèles économiques qu’on essaie d’appliquer partout : tout n’est pas valable dans toutes les situations. Les biocarburants, d’accord, mais allons voir dans le détail, mettons toutes les charges, tous les produits et faisons le calcul. Ce n’est pas toujours rose, il n’y a pas que des succès et des réussites. » Il rappelle également que la production d’énergie végétale n’est pas une réponse suffisante à l’épuisement des énergies fossiles : « La biomasse, c’est une solution d’appoint : il n’y a pas assez de carbone végétal par rapport aux besoins de la planète. »

Aurélien Deceuninck, chargé de mission sur les énergies renouvelables à la chambre d’agriculture de la Somme, a rappelé les points clés de l’utilisation d’huile de colza dans les moteurs agricoles. « Il y a des contraintes pour produire de l’huile végétale de qualité : décantation, filtrage, stockage… Il faut également respecter certaines règles à l’utilisation pour ne pas abîmer les moteurs. Aujourd’hui, la réglementation évolue et le facteur limitant, c’est la rentabilité. Actuellement, le pétrole n’est pas assez cher pour que l’huile de colza seule soit intéressante économiquement, tout dépend de la valorisation du tourteau de colza produit. »

Stéphane Dehoux, docteur vétérinaire,  a traité le sujet de l’utilisation du tourteau de colza dans les rations pour bovins : « Un des gros intérêts du tourteau gras de colza, c’est la qualité de ses acides gras et sa richesse en minéraux. Cependant, son incorporation dans l’alimentation est limitée à cause de sa teneur en matière grasse. Le tourteau de colza ne peut pas remplacer totalement le tourteau de soja chez les vaches laitières à haut niveau de production. »


Presse à colza (© Terre-net)
Le docteur Iman Bahmani-Piaseczny, de l’Ademe, a présenté la production d’énergie par méthanisation. Celle-ci permet la valorisation de tout type de déchets organiques aptes à fermenter naturellement : effluents d’élevage, boues de stations d’épuration, graisses, rebuts de fabrication,  déchets verts…  Il s’agit d’un procédé  naturel de fermentation bactérienne à l’abri de l’oxygène qui stabilise la matière organique. La méthanisation produit du biogaz - 2/3 de méthane et 1/3 de CO2 - valorisable en tant qu’énergie thermique ou électrique et un digestat, utilisable comme substitut d’engrais. « La méthanisation permet la réduction des gaz à effet de serre. Elle évite l’émission de 1.7 tonne équivalent C02 par rapport au scénario d’épandage direct. » conclue Iman Bahmani-Piaseczny.

Une démonstration de presse à colza semi-industrielle et de chaudière polycombustible a permis aux éleveurs de voir l’application des interventions de la journée. Monsieur Bellou, éleveur dans l’Oise et utilisateur de presse à colza est venu faire partager son expérience. « Nous avons acheté une presse à colza à 5. J’utilise l’huile dans mes tracteurs et mon 4*4 de ferme depuis juillet. Pour le moment, je n’ai pas rencontré de soucis. Le tourteau est distribué aux vaches laitières. »

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