Les Européens bataillent sur les chiffres entre espoir et incertitude

"Nous sommes en bonne voie de trouver un accord. Tout le monde veut un accord et je pense que nous le trouverons", a prédit le chef du gouvernement luxembourgeois Jean-Claude Juncker, à l'issue d'un déjeuner de travail des 25 qualifié de "constructif" par la présidence britannique. "Les négociations nous ont rapproché d'un compromis", a déclaré son homologue polonais Kazimierz Marcinkiewicz en fin d'après-midi. Avant de tempérer immédiatement ses propos : "si on me demande comment ça va en me demandant de répondre en un mot, je dis: +bien+. Si on me demande de répondre en deux mots, je dis: +pas bien+". Le Premier ministre suédois Göran Persson s'est pour sa part dit "un petit peu plus pessimiste qu'hier". "Nous n'en sommes encore qu'au début (des négociations) et il y a encore un long chemin à parcourir", ont estimé des sources gouvernementales allemandes.

La chancelière allemande Angela Merkel a créé la surprise en proposant vendredi d'augmenter le budget communautaire à venir à 862,5 milliards d'euros, soit 13,2 milliards de plus que la proposition faite mercredi par la présidence britannique, dénoncée comme insuffisante par de nombreux pays membres. Selon des sources gouvernementales allemandes, l'enveloppe s'inscrit dans un ensemble de propositions, prévoyant aussi une modification du calcul du rabais dont le Royaume Uni bénéficie depuis 1984 et une clause permettant de réformer le budget européen, comme Londres le demande depuis des mois. Tout le monde attendait pour le début de soirée une nouvelle proposition de la présidence britannique.

Selon des sources communautaires, la présidence a demandé à la Commission européenne de l'aider à échafauder une solution, notamment sur le fameux rabais britannique dont ses partenaires veulent contenir la hausse. "Nous devons montrer un peu de flexibilité (...) la pression est sur nous", avait reconnu vendredi matin Jack Straw, le chef de la diplomatie britannique. La veille au soir, Tony Blair lui-même avait promis à ses partenaires de mettre "tout (son) courage politique" dans la recherche d'un accord à 25. "Mais mon suicide politique (en Angleterre) n'aidera pas l'Europe", avait-il averti, selon un diplomate. La Grande-Bretagne a toujours conditionné la révision du rabais à une refonte générale du budget. Elle espère pouvoir ainsi réduire le poids des dépenses agricoles, dont la France est la principale bénéficiaire.

Londres insiste particulièrement pour inclure dans l'accord final une clause de révision qui permettrait de réexaminer l'ensemble du budget en 2009. Paris refuse qu'une telle révision ait des conséquences pratiques avant 2014. Le rabais britannique s'élève actuellement à 5,2 milliards d'euros par an, et passerait à 7,7 milliards si le mécanisme actuel était maintenu. Tony Blair s'est déjà attiré les foudres des eurosceptiques en acceptant qu'il soit plafonné à 7 milliards par an dans le budget suivant, et toute concession plus substantielle risque de mettre le Premier ministre britannique, déjà affaibli chez lui, en position plus difficile encore.

L'accord budgétaire que tentent de trouver les 25 est crucial pour aider les nouveaux pays d'Europe centrale et orientale à rattraper leur retard économique. Faute d'accord à ce sommet, l'Union risquerait d'être privée d'un plan budgétaire à long terme, entraînant des retards pour la délivrance des aides particulièrement attendues par les nouveaux Etats membres. Un échec plongerait aussi un peu plus l'Union dans la crise après les rejets de la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas, puis le fiasco en juin de leurs premières négociations budgétaires.

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