L'épuisement des marais riches de grenouilles, principalement dans l'est de la France (Dombes, Ardennes, Jura), mais aussi en Vendée, a amené la France à interdire en 1980 la pêche tout comme l'élevage -- la raniculture -- du batracien.
Néanmoins des pêcheurs ignorent la loi. Quatre d'entre eux viennent d'être condamnés par le tribunal de Vesoul (Haute-Saône) à des amendes pour avoir capturé entre 2002 et 2004 plusieurs milliers de grenouilles dans la région des "Mille-Etangs", dans les Vosges saônoises. Le principal prévenu a reconnu avoir pêché entre 8.500 et 10.000 grenouilles, qu'il revendait entre 23 et 32 centimes d'euros l'unité, selon qu'elles étaient dépouillées ou non. Introduite dans la gastronomie européenne au XVIème siècle, la grenouille est en particulier appréciée des Français. Jusqu'aux années 60, les récoltes régionales -- entre 40 et 70 tonnes par an -- suffisaient à satisfaire leur appétit.
Mais avec la pêche intensive des batraciens, la pollution des marais et la modification de leur milieu naturel, la population des grenouilles a rapidement décliné. En 1976 la France décidait de protéger cet animal qui est d'une grande utilité pour le monde agricole, la grenouille engloutissant chaque jour une quantité énorme d'insectes. Quatre ans plus tard, la pêche et l'élevage des grenouilles étaient définitivement interdits en France. Sans toutefois pénaliser les gastronomes: les cuisses surgelées sont aujourd'hui importées d'Asie (Indonésie et Chine) et les vivantes appréciées des grands chefs, de Turquie, d'Egypte ou d'Albanie.
Avec le développement de la chaîne du froid, la cuisse de grenouille a gagné ses lettres de noblesse auprès des consommateurs européens qui en avalent entre 8.000 et 10.000 tonnes chaque année, notamment pendant la période des fêtes. A elle seule la France importe 3.000-4.000 tonnes par an de cuisses surgelées (équivalent de 8.000 T vivantes) et 700-800 tonnes de grenouilles vivantes, selon des chiffres fournis par l'Inra (Institut national de la recherche agronomique). A noter qu'une dizaine de tonnes de grenouilles vivantes sont importées chaque année à des fins de recherches scientifiques réalisées par des laboratoires. Une grande partie des grenouilles indonésiennes et chinoises vendues en Europe sont issues de la pêche, bien que ces deux pays aient largement développé leur raniculture afin de faire face à la demande mondiale. Entre 1992 et 1993 la production indonésienne a par exemple fait un bond de 70%.
