Cet accord laborieux sur une date, après six jours de marchandages tendus, "n'est pas suffisant pour faire de cette réunion un vrai succès, mais il l'est pour éviter un échec", a affirmé le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson.
Pour M. Mandelson, "l'Europe a fait preuve de leadership quand les autres ne le pouvaient ou ne le voulaient pas". "Nous avons demandé et obtenu des engagements équivalents des autres sur des réformes similaires" de leurs propres formes de subventions", a-t-il ajouté.
Si l'UE a attendu cinq jours pour faire mouvement alors que le principe de cette élimination est acquis depuis juillet 2004, c'est, selon lui, parce que ses partenaires à l'OMC lui refusaient jusque là ce parallélisme, niant même que l'aide alimentaire américaine ou les sociétés commerciales en Australie, au Canada et en Nouvelle-Zélande dissimulent un soutien aux exportations.
En privé, les Européens reconnaissent toutefois que l'accord intervenu à Bruxelles samedi sur le futur budget de l'UE a donné au commissaire une certaine lattitude face aux Etats membres, au premier chef la France toujours dressée sur ses ergots dès que la Politique agricole commune (PAC) est en jeu.
Après avoir entendu la présentation de l'accord à l'OMC par Peter Mandelson, les ministres du commerce les ont applaudi debout, a indiqué à l'AFP l'entourage du commissaire européen. Dans la pratique, l'impact précis du compromis d'étape à Hong Kong reste à mesurer. Une part "substantielle" des subventions à l'exportation devront être éliminés dés 2010.
"Ce qui compte, c'est que nous définirons plus tard ce que substantiel veut dire" a expliqué la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel, excluant "tout ce qui pourrait perturber nos marchés". L'UE aura fort à faire pour s'assurer que le parallélisme inscrit dans le texte soit respecté "à chaque pas" comme M. Mandelson le demande. Toutefois, les restitutions à l'exportation ne pèsent aujourd'hui que 2,6 millards d'euros, environ, sur plus de 40 mds annuels de dépenses de marché. Et la réforme récente du régime sucrier garantit mécaniquement une baisse en effet substantielle d'ici 2008. Si l'Europe s'est opposée à la date de 2010 c'est parce qu'il s'agissait "d'un geste politique", économiquement irréaliste, selon M. Mandelson. L'avancée sur le volet agricole, qui a une fois de plus occupé le devant de la scène et provoqué les tensions les plus fortes entre Européens et grands pays émergents, s'accompagne d'un bilan modeste dans les autres domaines.
Concernant l'accès aux marchés des pays riches sans tarif ni quota pour les PMA (pays moins avancés), élément essentiel de l'aide au développement dont l'UE avait fait une priorité à Hong Kong, "on aurait pu aller plus loin", a reconnu le commissaire. En l'état, le compromis permet aux Etats, Japon et Canada de maintenir indéfiniment des exceptions pour des produits pour eux "sensibles". Quant aux tarifs industriels et aux services, deux domaines où l'UE a des intérêts "offensifs" majeurs, les pas en avant fait restent des plus modestes. "J'ai été inquiet au cours de cette semaine d'avoir le sentiment d'un manque d'engagement de la part de nos partenaires", a confié M. Mandelson. Pour que le cycle de Doha réponde aux attentes, "les objectifs doivent être tenus, notre engagement collectif doit rester fort", a-t-il dit.