"Solidarité paysans" aide les victimes de la solitude qui gagne les campagnes

"Il y a une plus grande solitude dans les campagnes, peu d'entraide et les gens se retrouvent même parfois en situation de concurrence. Cela entraîne une énorme fragilisation des individus", constate Henri Renault, lui-même ancien agriculteur et bénévole de l'association "Solidarité paysans" des Côtes d'Armor, fondée en 1987.

Le poids, la solitude, la détresse et "la honte" de se retrouver en difficulté aboutissent parfois au suicide. "Il y en a eu plusieurs pendant l'hiver 2002-2003, regrette Henri Renault. Des gens qu'on aurait cru solides et qui se sont sentis largués".

Le département des Côtes d'Armor a perdu la moitié de ses exploitations agricoles ces dix dernières années. Et des élus estiment que 25% des "survivantes" (environ 8.500) pourraient disparaître dans les deux ou trois ans à venir.

Les causes de ces disparitions sont multiples mais les problèmes économiques y jouent un rôle majeur : "La plupart des agriculteurs n'ont plus de maîtrise de leurs revenus. Ils sont dans un état de dépendance totale" à l'égard du système économique, relève Claire Salvignol, l'une des deux permanents de l'association.

Au regard de l'endettement nécessaire pour une installation en agriculture, le moindre "pépin" peut s'avérer fatal : "Une crise de la production (porcs, volailles, etc.), une erreur de gestion, un problème sanitaire, une installation bancale, un couple qui traverse une mauvaise passe", énumère Claire Salvignol.

"Il n'y a pas de profil-type : ça va du jeune installé depuis deux ans ou trois ans à celui qui est au bord de la retraite, de l'agriculture industrielle à la production bio", souligne-t-elle.

Solidarités paysans "n'intervient jamais sans une démarche initiale de l'agriculteur". La première rencontre se déroule sur l'exploitation. Elle associe "obligatoirement" un bénévole et un permanent. Le bénévole, issu du milieu agricole, pour le rapport humain et sa "compréhension immédiate de la galère que l'autre vit". Le salarié "pour ses compétences techniques et juridiques".

"On prend la personne dans sa globalité. Le bénévole est souvent un +père+ par rapport à la personne en détresse. Le permanent fait un diagnostic et dégage des orientations de défense" pour l'exploitant en difficulté, explique Michel Le Goff, bénévole et agriculteur à la retraite.

"Au début, on voulait garder le maximum de paysans sur leurs terres et on y parvenait par diverses astuces. Aujourd'hui, analyse Claire Salvignol, ça devient de plus en plus difficile (...) Souvent, les gens eux-mêmes veulent arrêter: on les aide à se reconvertir".

Bon an mal an, Solidarités paysans est contactée par une centaine de nouvelles familles qu'elle suivra parfois pendant plusieurs années.

Mais la situation se dégrade. "On rencontre fréquemment des gens de plus en plus abîmés, socialement ou psychologiquement. Les pressions sont tellement fortes et les charges tellement lourdes", constate Mme Salvignol.


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