Une eau minérale corse sur les plus grandes tables, même au Japon

Réputée depuis des siècles, la source d'Orezza, dans la région de la Castagniccia, a été reconnue comme eau minérale en 1856 par Napoléon III et a été utilisée à des fins thérapeutiques en raison de sa très forte teneur en fer, bénéfique aux anémiques.

Mais en 1995, l'exploitation cesse avec la fin de la concession. Pierre-Marie Vitani, maire de la commune voisine de Tarrano, refuse de laisser disparaître ce pan du patrimoine local. Il prend contact avec un enfant du pays, François-Xavier Mora, pdg du groupe Marne et Champagne, qui contrôle notamment la marque Lanson.

Ce duo élu rural-financier aux reins solides obtient du conseil général de Haute-Corse une concession de 15 ans. François-Xavier Mora injecte alors 11 millions d'euros pour relancer l'usine qui reprend la production en juin 2000.

La société nouvelle d'exploitation des eaux minérales d'Orezza présente aujourd'hui un chiffre d'affaires de 3,6 millions d'euros. Avec 22 salariés, 30 ans de moyenne d'âge, tous issus de cette micro-région en voie désertification, "la source" est devenue le premier employeur local.

L'eau est en effet transformée sur le lieu même où sourd la source. Pompée à raison de 4m3 par heure, l'eau est déférisée et démanganisée pour être propre à la consommation courante, puis embouteillée entre les murs du bâtiment historique.

Avec près de 7 millions de "cols" (bouteilles, ndlr) sortis de l'usine par an, la reprise a tout d'un succès d'autant que la consommation insulaire absorbe 98 % de la production.

"Elle est fine et légère : en boisson, c'est l'équivalent du jambon corse, presque une AOC !", soutient Antoine Ferrari, le commercial régional.

Si toute table et tout supermarché corses arbore son Orezza, l'entreprise a repoussé les avances de la grande distribution du continent, faute de tirage suffisant à la source et surtout en raison d'un choix de positionnement "en produit de niche, haut de gamme", fait valoir Pierre-Marie Vitani, directeur général.

Pour coller à cette image, la bouteille en verre transparent ressemble a une grosse bouteille de Bordeaux, l'étiquette a été dessinée par le bureau de design Claessens International : cette formule a déjà séduit de prestigieux palaces parisiens comme le Crillon, le Meurice, le Bristol, le Royal Monceau, le Plazza Athénée et le Hyatt.

De grandes tables de la capitale l'ont également adoptée, à l'instar des restaurants des "Tantes" de feu Bernard Loiseau.

Profitant de l'engouement des Japonais pour le luxe français, Orezza voit aboutir un projet de deux ans, en partenariat avec la société nipponne Arcane, qui importe déjà des produits alimentaires fins : le premier conteneur devrait arriver le 20 janvier dans l'archipel.

Mais le restaurant "Beige" d'Alain Ducasse, conçu en partenariat avec la maison de luxe Chanel et inauguré à Tokyo le 4 décembre, la sert déjà.

"Sur 2005, l'exportation vers le Japon pourrait représenter 500 000 cols", estime Pierre-Marie Vitani.

Prochaine étape, les Etats-Unis : "le dossier d'autorisation est en cours, ça devrait aboutir d'ici quelques semaines", pronostique-t-il, imaginant les bulles d'Orezza sur la côte Est.


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