La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao qui assure 15% de son Produit intérieur brut (PIB). Le cacao "est aussi la principale source de financement occulte du régime, notamment pour ses achats d'armes", selon le journal qui cite un audit juridique de la filière cacao commandé par l'UE. "La Réserve de prudence, censée soutenir les cours du cacao en faveur des petits producteurs, a, entre autres, servi à financer l'achat d'armes", selon un extrait du rapport cité par le quotidien. La libéralisation de la filière cacao à la fin des années 1990 a "fragilisé les petits producteurs" et permis aux multinationales étrangère de faire passer leurs parts de marché de 10 à 30% entre 1997 et 2003, selon la même source.
Plusieurs organismes ont été créés pour gérer "en toute opacité" cette filière, estime encore ce rapport dont les experts "dénoncent les effectifs pléthoriques des structures" et évoquent "à mots couverts l'existence d'emplois fictifs". "Ils évoquent aussi l'absence de statistiques fiables sur les volumes et les prix du cacao, ce qui autorise tous les détournements possibles", ajoute Libération. Le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, enlevé en avril 2004 à Abidjan et dont on est toujours sans nouvelles, enquêtait sur des malversations présumées du régime ivoirien dans la filière cacao au moment de sa disparition. Un des auteurs du rapport, l'avocat parisien Xavier Ghelber, a "lui-même été brièvement enlevé en novembre 2004 à Abidjan par des hommes en armes, avant d'être remis à des militaires français", affirme Libération.